Carl Andre et Dan Flavin artistes minimalistes

15 mai 2015
Découvrez deux des artistes représentés dans l'exposition Icônes américaines : Carle Andre et Dan Flavin


Vue de l’exposition Icônes Américaines (4) scénographie Bill Katz et Nicolas Adam © Rmn-Grand Palais / photo François Tomasi

Carl Andre





Depuis cinquante ans, Carl Andre (né en 1935) élabore un mode de sculpture qui consiste à placer des matériaux bruts dans une certaine relation à l’espace qui les entoure. Comme il l’explique, cette démarche s’inspire du travail du carreleur et du maçon qui monte un mur en briques ou en pierres, mais contrairement au maçon, Andre ne fixe pas définitivement ses briques ou ses carreaux qui, demeurant des unités indépendantes et mobiles, composent des créations que n’importe qui – en apparence – pourrait faire et défaire manuellement.



Andre est surtout connu pour des oeuvres comme Copper-Zinc Plain (1969), constituées d’éléments distincts posés directement sur l’étendue plane et horizontale du sol auquel elles font directement écho. Cependant, loin de se fondre dans leur environnement, ces oeuvres incitent le spectateur à les aborder depuis de multiples points de vue et à s’interroger sur l’espace qu’occupe l’art dans sa relation à tout ce qui l’entoure ; elles sont même conçues au départ pour que l’on puisse marcher dessus et les voir d’en haut. Dans des oeuvres ultérieures, comme Parisite, où deux bandes de cuivre croisées viennent animer l’architecture de la galerie, ou 13th PbFe Triangle (1987) avec sa bordure de plomb en dents de scie qui pénètre dans l’espace, Andre développe ses explorations antérieures sur la relation spatiale entre l’art et le spectateur. Pour certains, l’oeuvre d’Andre est l’exemple même du minimalisme ; pour d’autres, elle est l’expression enjouée de la rigueur critique qui sous-tend une grande partie de l’art de la fin du XXème siècle.







Dan Flavin (1933-1996)


Dan Flavin «monument» for V.Tatlin 1969 Lampe fluorescente blanc froid hauteur: 243,8 cm The Doris and Donald Fisher Collection at the San Francisco Museum of Modern Art © Stephen Flavin / ADAGP, Paris, 2015 © SFMOMA



Dan Flavin a créé presque sept cents oeuvres d’art uniques à partir d’ampoules et de luminaires fluorescents achetés dans le commerce. Ce matériau, qu’il introduit dans le monde de l’art en 1963, devient rapidement sa marque de fabrique. Par son usage systématique d’articles industriels, Flavin se situe dans la lignée d’artistes comme Donald Judd et Carl Andre qui sont parmi les premiers à avoir été qualifiés de minimalistes. Cependant, Flavin lui-même s’inscrit en faux contre les connotations d’austérité que contient cette désignation, qui ne rend pas justice à l’utilisation luxuriante qu’il fait de la couleur et de la lumière, à ses brillantes interventions architecturales et à l’intelligence avec laquelle il a transformé des luminaires bon marché en un médium artistique à part entière.



Les deux sculptures présentées ici, toutes deux de 1969 et issues de deux importants corpus d’oeuvres, mettent en évidence la dimension conceptuelle de la pratique de Flavin. “monument” for V. Tatlin fait partie d’une série de trente-neuf oeuvres exécutées entre 1964 et 1990 et dédiées au constructiviste russe Vladimir Tatlin. Utilisant exclusivement la lumière, toutes deux rappellent Tatlin à la fois par leur silhouette et par la manière dont elles réussissent la fusion de l’art et de la technologie. untitled (to dear, durable Sol from Stephen, Sonja, and Dan) one est un des premiers « carrés d’angle », ainsi appelés parce que cette structure d’environ 244 x 244 centimètres est placée dans l’angle d’une pièce. Par cette oeuvre composée de deux types de lumière blanche, Flavin rend un hommage poétique et admiratif à son ami Sol LeWitt, d’abord en le mentionnant dans le titre mais aussi en adoptant – et en illuminant – l’esthétique magnifiquement dépouillée et conceptuellement rigoureuse de ce maître du cube.

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