C'est un De Vinci ? - Histoire des Chefs-d'œuvre de Budapest n°4

28 avril 2016
Pour vous faire découvrir un peu plus les Chefs-d'œuvre de Budapest exposés au Musée du Luxembourg du 9 mars au 10 juillet 2016, explorons les petites histoires de ces grandes œuvres...

C'est un De Vinci ? - Histoire des Chefs-d'œuvre de Budapest n°4


Attribué à Léonard de Vinci, Vinci, 1452 – Amboise, 1519, Cavalier sur un cheval cabré, Début du XVIe siècle, Budapest, musée des Beaux-Arts

L’œuvre sculpté de Léonard de Vinci a presque totalement disparu, ce qui rend ce bronze d’autant plus extraordinaire. Cependant, sa conception est entièrement liée à la réalisation d’une œuvre picturale. Ce cheval cabré rappelle en effet ceux de la fameuse Bataille d’Anghiari, peinte à Florence à partir de 1503, inachevée puis détruite avant la fin du XVIe siècle. Pour mieux représenter la mêlée et définir la composition de ce grand décor, Léonard avait modelé des petites figurines de cire. Cette statuette dérive à l’évidence de l’une d’entre elles, agrandie et fondue, probablement par l’un de ses collaborateurs.



C’est à la faveur d’un séjour à Rome, de 1818 à 1824, que le sculpteur hongrois István Ferenczy (1792- 1856) fait l’acquisition de ce cavalier, alors considéré comme un bronze de la Grèce antique. Après son intégration dans les collections du musée des Beaux-Arts de Budapest, ce bronze est pour la première fois attribué à Léonard de Vinci par l’historien de l’art Simon Meller, qui y voit l’unique sculpture du maître à avoir été conservée.

Si Léonard de Vinci a reçu de nombreuses commandes d’œuvres sculptées, il n’en reste plus aujourd’hui que des traces. Ses deux projets de statues équestres monumentales ont avorté. Les troupes françaises ont détruit le modèle du monument milanais à Francesco Sforza, qui attendait d’être fondu, tandis que celui dédié à Gian Giacomo Trivulzio n’a jamais vu le jour. Quant au projet de statue pour le roi de France François Ier, son existence n’est pas établie. Hormis les témoignages enthousiastes des contemporains et les notes et esquisses du maître lui-même, nous en savons donc bien peu sur ces sculptures. Le petit bronze de Budapest évoque plutôt les chevaux en plein mouvement des dessins préparatoires à La Bataille d’Anghiari, la fresque pour le Palazzo Vecchio de Florence à laquelle l’artiste a travaillé de 1503 à 1506.


Léonard de Vinci, études pour La Bataille d’Anghiari, vers 1503, Londres, British Museum. Dist. RMN-Grand Palais

Les annotations de Léonard de Vinci sur l’une de ces études préalables, aujourd’hui conservée à Windsor, nous apprennent que le peintre se servait de modèles en cire de petite dimension pour parfaire la composition de ses scènes de bataille. Nous pourrions avoir ici affaire à une version agrandie d’un de ces modèles, fondue en bronze au début du XVIe siècle, sans doute par l’un des élèves ou des suiveurs du maître. De récentes analyses ont renforcé l’hypothèse d’une fonte réalisée à cette époque. Pour ses monuments équestres italiens, Léonard de Vinci avait d’emblée imaginé des chevaux cabrés, représentés sans le moindre support, un choix qui impliquait de surmonter des difficultés techniques considérables. On peut donc également supposer que l’attitude anormale et la forte corpulence de notre cheval témoignent de ses recherches pour assurer la stabilité d’un futur monument.






 












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