De l'Empire politique à l'Empire économique
L'indissociabilité de l'économie et du politique comme composantes de la « puissance impériale », n'est pourtant pas nouvelle. En 1763 déjà, la signature du Traité de Paris mettant fin à la Guerre de Sept Ans, permet à la Couronne britannique de récupérer plusieurs possessions françaises des Indes et des Amériques. Outre le prestige qu'un vaste Empire de près de 33 millions de kilomètres carrés confère à Londres, ce sont également les revenus générés par l'exploitation économique de ses colonies qui vont assoir sa domination sur le monde pendant toute une partie du XIXème siècle.
Avec l'essor de la mondialisation dans la seconde moitié du XX siècle, la lutte pour l'hégémonie économique va cependant finir de supplanter la concurrence pour le leadership politique. Fait nouveau, ce phénomène s'est accompagné de la montée en puissance des firmes multinationales, nouveaux « empires économiques » transnationaux et déterritorialisés, parfois plus riches que certains Etats. Preuve du poids qu'ils ont acquis, les 100 plus importants d'entre eux disposent aujourd'hui d'une richesse équivalente à celle des États-Unis.
Souvent érigés en fiertés nationales, ces « empires économiques » sont pourtant parfois également perçus comme des concurrents directs des États, capables d'influencer le cours de certaines décisions politiques grâce à leur puissance. Dans ce contexte, c'est alors la conception traditionnelle de la souveraineté nationale qui est remise en question.
1. "Huang Yong Ping : « Pour “Empires”, je mélange le passé, le présent et le futur»", Le Monde, le 13 mai 2016.