Dévoilement de l’image

16 avril 2014
« Les événements de ce monde sont illusoires ou éphémères, puisqu’ils ne sont visibles que comme reflets sur la surface de l’eau. » Bill Viola

Qu’elles présentent des éléments instables ou des événements qui semblent ne pas pouvoir exister de manière naturelle, les images de Bill Viola sont souvent fascinantes. Un corps d’homme est violemment plongé dans l’eau dans Ascension (2000) avant de lentement remonter de lui-même à la surface sans produire aucun mouvement. Alors qu’une pluie de plus en plus intense s’abat sur le corps de Tristan dans l’une des vidéos produite pour une mise en scène de l’opéra Tristan et Isolde de Wagner (Tristan’s Ascension, 2005), le jeune homme s’élève délicatement jusqu’à s’échapper par le haut de l’image. Bill Viola met en scène des images incroyables. En 1992-1993, il titra ainsi une série d’expositions Unseen images : des images jamais vues. Aussi illusionnistes soient-elles, ses images s’offrent comme des constructions, l’artiste insistant sur l’écart entre ce qui est perçu par le visiteur et ce qui existe réellement. Durant les premières minutes de Surrender (2001), deux corps font face à leurs reflets dans l’eau et se penchent doucement vers la surface. Au moment où les visages entrent en contact avec l’eau, on comprend que ce que l’on voyait n’était pas directement les corps, mais leurs reflets. Ce qu’on a d’abord pris pour l’image d’un corps n’était en fait que son image à la surface de l’eau, l’image d’une image.


Bill Viola, The Reflecting Pool © Bill Viola Studio / photo Kira Perov



Dans Chott el-Djerid (1979), l’identité des objets et des êtres est tout à fait incertaine. Ce qui paraissait n’être qu’un point grossissant depuis le fond de l’image s’avère être une figure humaine. Telles des mirages, les formes semblent flotter entre ciel et terre dans la chaleur du désert où sont tournées une partie des images de la vidéo. Mais c’est sans doute The Reflecting Pool (1977) qui propose la vision la plus troublante. Plongeant dans un bassin, le corps de l’artiste s’immobilise en l’air avant de se dissoudre progressivement dans l’image. Alors que le temps semble suspendu, l’eau est animée de reflets d’événements dont on ne trouve pas trace à la surface. Bill Viola met en avant les spécificités de la vidéo : si elle apparaît unie, l’image électronique (auparavant) ou numérique (aujourd’hui) est une construction. « C’est vraiment comme si on sculptait du temps. » dit-il. The Reflecting Pool réunit dans la même image, dans le même espace, des temporalités différentes. Proposant des pièges visuels, par leurs durées, les vidéos et installations de Bill Viola s’attachent à dévoiler les mécanismes et la construction des images et de la perception.

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