Fragonard, les gammes de l'amour : le film de l'exposition en DVD
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Le Grand Palais a rencontré le réalisateur du film, Jean-Paul Fargier –qui a déjà réalisé pour le Grand Palais, les films Bill Viola, expérience de l’infini, En passant par la bohème, Les Nymphéas, le grand rêve de Monet et les Voyageurs de la Korrigane.
Grand Palais : Votre dernière collaboration avec la RMN était à l'occasion de l’exposition Bill Viola. C’est un grand écart…
Jean-Paul Fargier : "Oui et non. J’aime filmer des artistes, leurs œuvres, leurs pensées ou celles de leurs admirateurs, de leurs interprètes. Que ces artistes soient modernes, vivants ou classiques, lointains dans le passé. J’ai filmé aussi bien Monet, Cézanne, Rodin, Man Ray que Pierre Buraglio, Alain Kirili, Nam June Paik ou encore Bill Viola. Passer de Viola à Fragonard n’a rien d’un exercice de haute voltige : c’est juste une question d’articulation de diverses phases de mouvements. Il y a des mouvements chez l’artiste vidéo qui tendent vers le repos, l’arrêt, la station, le calme, et chez le peintre libertin des positions arrêtées qui donnent à deviner parfaitement les mouvements fiévreux qui vont suivre."
Grand Palais : Votre première rencontre avec Fragonard?
Jean-Paul Fargier : "Bien sûr j’avais vu au Louvre quelques tableaux mais la première vraie rencontre ce fut au Grand Palais, l’exposition de 88 dirigée par Pierre Rosenberg. Un éblouissement… Et puis peu de temps après, le livre de Philippe Sollers : une promenade intime."
Grand Palais : Le sous-titre du film Les gammes de l'amour a une résonnance musicale…
Jean-Paul Fargier : Oui car Fragonard avait sans doute un goût très prononcé pour la musique : il dispose des instruments dans de nombreuses scènes, on sent que jouer de la musique et faire l’amour sont des plaisirs qui s’entendent bien.
Grand Palais : Aujourd’hui, qu’est-ce que Fragonard peindrait ?
Jean-Paul Fargier : Fragonard aujourd’hui en France irait croquer dans les parcs, les rues, les lieux publics, cafés, cinémas, etc. les amoureux qui ne craignent plus d’afficher leurs désirs aux yeux de tous… Dieu merci, la France n’est pas un pays puritain… peut-être un peu à cause de lui
Fragonard inspire le cinéma, une histoire de génération dans la famille Renoir
En 1936, le cinéaste Jean Renoir, fils cadet du peintre Auguste Renoir, s’inspire de Fragonard. Dans son film Une partie de campagne, il adresse à l’Escarpolette, un clin d’œil appuyé.
Pierre Rosenberg (de l’académie française) : « Que Fragonard ait plu à Jean Renoir, ça se comprend assez facilement. Il y a chez eux comme une manière de décrire la vie avec toutes ses ambiguïtés, difficultés, toutes ses peines. »
Mais c’est Auguste Renoir, le père de Jean, qui lui rend d’abord hommage. Il a reconnu Fragonard comme un des prédécesseurs aux impressionnistes. Il affiche explicitement sa dette envers le maître en peignant cette scène autour d’une balançoire où les jeux de l’Amour et des hasards et la lumière sont déployés en profondeur. Renoir a su débusquer très vite le génie sous la légèreté des sourires.