L'appel du Midi, l'atelier à ciel ouvert

23 juillet 2013
En cette fin du XIXe siècle, le voyage n'est plus tout à fait une idée neuve en Europe : l'Italie d'abord, puis l'Orient, ont depuis longtemps exercé sur les peintres une attraction durable.

Paul Cézanne, Le Rocher rouge, 1895-1900, huile sur toile, 92 x 68 cm, Paris, Musée de l'Orangerie, © RMN-Grand Palais (Musée de l'Orangerie) / Hervé Lewandowski



Séduits par le classicisme d'une Antiquité idéale dans la péninsule transalpine, ou par l'exotisme pittoresque du monde arabe, nombreux sont ceux qui ont « fait le voyage » vers un ailleurs prometteur, un modèle immuable ou une source de motifs inédits. A leur suite, les écrivains voyageurs ont exploré ce Midi riche de paysages et de caractères à la fois sombres et lumineux.

Dans les années 1880, le retour de Cézanne à Aix-en-Provence, sa terre natale, revêt une tout autre signification, dans laquelle son échec parisien n'est pas pour rien. Pourtant, plus qu'un refuge, ce repli va s'avérer le révélateur d'une révolution picturale, la certitude pour le peintre de la montagne Sainte-Victoire que l'art est « une harmonie parallèle à la nature ». Le « père de l'art moderne » entraîne dans son sillage les artistes en mal de renouveau, d'inspiration ou de douceur de vivre.



Van Gogh ne tarde pas à rejoindre ce Midi encore inconnu de la plupart des artistes. Avec Gauguin, il s'installe en 1888 à Arles, dans laquelle ils voient les prémisses du Japon et la violence éclatante des couleurs, manifeste dans Les Alyscamps. Un séjour de courte durée mais ô combien décisif pour l'un et l'autre.

Quelques années plus tard, c'est Signac qui découvre le petit port de Saint-Tropez comme un paradis perdu, vierge et intact (La Bouée rouge). Il en fait son port d'attache et son atelier, que ne cesseront de visiter Matisse, Marquet, Maurice Denis... et même Francis Picabia, venu comme on fait un pèlerinage, dans les pas de Signac.



Le Midi devient alors un détour obligé, une étape essentielle dans le parcours de tout jeune artiste, désireux de s'imprégner de modernité. Plusieurs foyers voient le jour, en Roussillon, avec Matisse et Derain à Collioure (Paysage à Collioure), Maillol à Banyuls. A l'Estaque, où jeunes Fauves et futurs cubistes viennent s'initier à la lumière méditerranéenne. Cagnes, Antibes, Nice, Le Cannet, voire l'Algérie ou le Maroc, forment le creuset d'une intense production artistique.



Picasso, méditerranéen revendiqué, ne pouvait se soustraire à l'attrait du Midi. Reconnaissant en Cézanne son « seul et unique maître », et en Matisse le plus grand de ses contemporains, le catalan prend lui aussi le chemin du Midi. De Vallauris à Mougins, il écrit le dernier chapitre d'une flamboyante épopée artistique.

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