L’art de se chausser dans l’Egypte antique

8 juin 2010

Relief : pied chaussé d’une sandale (fragment de statue ou modèle de sculpteur) © Photo RMN - Franck Raux

La chaussure, une source documentaire précieuse

Parmi les objets retrouvés dans les tombes de l’Egypte antique, aux côtés de somptueux tissus et de bijoux précieux, on recense des attributs vestimentaires longtemps ignorés : les chaussures. Le mort les emportait dans sa tombe, au même titre que son mobilier, afin de pouvoir en jouir dans l’au-delà.

Produit d’un artisanat souvent poussé, ces chaussures fournissent des indications complémentaires sur un savoir-faire spécifique et sur l’art de travailler plusieurs matériaux : fibres végétales, bois, cuir. Elles renseignent également sur le rang social du défunt. En effet, dans l’Egypte antique, être chaussé indique un certain niveau social. Nombreux sont ceux qui vont nu-pieds. Le porte-sandales du roi avait par exemple un titre envié dans la maisonnée de Pharaon.

Sur une période allant de l’Egypte pharaonique (de 2700 à 30 avant J.-C.) à l’époque arabe (à partir de 641 après J.-C.), en passant par l’Egypte romaine (de 30 avant J.-C.à 395 après J.-C.) et l’Egypte copte (de 395 à 641 après J.-C.), on compte une large gamme d’articles chaussant :

- les sandales, lorsque la semelle n’est maintenue que par des brides ;

- les bottines ou bottillons lorsque la cheville est cachée ;

- les bottes lorsque le mollet est recouvert ;

- les mules lorsque les orteils et le dessus du pied sont en partie couverts.

Des techniques variées

Un certain nombre de pièces retrouvées sont formées de fibres végétales, papyrus ou palmier Phoenix. Il s’agit de sparterie. Pour les réaliser, l’artisan procède en deux étapes. Il doit d’abord assembler les fibres pour obtenir une certaine superficie. Ensuite, celle-ci est découpée et assemblée selon différentes méthodes, pour former une chaussure. Trois techniques principales sont utilisées dans la sparterie. La plus rudimentaire consiste à faire se chevaucher les bandes, puis à les assembler par une couture surjetée avec un lien de fibre. La deuxième technique reprend la méthode en diagonale du tissage des nattes. Le rendu de ces pièces est proche de celui des textiles. La troisième technique se rapproche quant à elle de celle de la vannerie liée et cousue. Ces chaussures en sparterie remontent pour la plupart à l’époque pharaonique. Quelques-unes semblent relever de la période romaine.

Quelques chaussures à semelles de bois nous sont parvenues. Elles peuvent présenter des points d’ancrage pour des brides ou des lanières. Les éléments retrouvés sont en cèdre du Liban, bois d’importation, ou en ficus. Souvent rudimentaires, ces chaussures datent de l’époque pharaonique.

La fabrication des articles de cuir, enfin, se déroule en trois étapes : la transformation de la peau de l’animal en cuir, la décoration de ce cuir, facultative, puis l’assemblage des éléments. L’ornementation du cuir fait appel à des techniques très variées. En effet, le matériau peut être teint, ou repoussé (on repousse la fleur du cuir humidifié pour y laisser une empreinte), martelé, incisé, imprimé, ajouré ou gravé. Le cuir peut également recevoir une couture décorative, ou être doré.

 

 

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