Fait de couleurs vives et de motifs complexes, le wax, ce tissu décoratif typiquement africain, occupe une place de choix dans les clichés de Keïta. En superposant les imprimés des vêtements aux décors de ses fonds, il a su créer des images hypnotiques d’une rare beauté.
Que ce soient dans ses techniques photographiques ou dans la manière dont il les met en oeuvre, Seydou Keïta a l’art d’innover. Et l’une de ses innovations majeures a été d’utiliser des fonds en tissu qui accrochent le regard et subliment le modèle. Pour le photographe malien, il était en effet impensable de photographier un sujet sans se soucier du fond. « On ne peut pas placer les clients devant un mur blanc ; ce n’est pas respectueux » affirmait-t-il avec ferveur. Abondant de toute part dans son oeuvre, le wax est au delà de son esthétique, un signe de reconnaissance social. Valeur de référence, symbole reconnu et admis de tous en Afrique, il se transmet de génération en génération.
S’il répond à l’intriguant nom de « wax », c’est parce que cette étoffe est imprimée sur les deux faces selon une technique à la cire vieille de plusieurs siècles… d’où son patronyme anglo-saxon. Originaire des Indes néerlandaises, l’actuelle Indonésie, il a été popularisé en Afrique Occidentale avec un franc succès, s’attirant les faveurs par ses couleurs vives et ses motifs complexes déclinables à l’infini. Bien que les clichés en noir et blanc de Keïta nous privent de sa polychromie, on devine aisément l’harmonie coloristique qui se créée entre les motifs des somptueux boubous et des rideaux en batik, rappelant le génie de celui qui ignorait en son temps ses talents d’artiste.
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