Les Antiquités orientales

7 février 2009

Cour du Palais de Sargon II © Photo RMN - Hervé Lewandowski
Les legs du Croissant Fertile

Bien que l’on regroupe sous ce terme générique un ensemble de civilisations successives aussi diverses que nombreuses, il existe bel et bien un domaine constitué des antiquités orientales qui repose sur une cohérence intrinsèque manifeste.



Géographiquement tout d’abord, il concerne le Croissant Fertile, région privilégiée du bassin syro-mésopotamien formée par les vallées du Tigre et de l’Euphrate, et particulièrement riche comparativement aux territoires voisins, plutôt arides et inhospitaliers. Cette terre, qui relie les rives de la Méditerranée au golfe arabo-persique, en plus d’être un point de rencontre entre trois continents, est le berceau de la première grande mutation de l’humanité puisqu’elle a été le lieu de la première sédentarisation des hommes. C’est, en effet, il y a presque 10 000 ans que, dans cette région du monde, s’est opéré le passage fondamental du statut de l’homme : de prédateur (chasseur-cueilleur) il est devenu producteur (éleveur, agriculteur). Par la suite, c’est également dans cette zone que se sont constituées, dès le IVe millénaire, les premières formes d’urbanisation (cités de Suse et d’Uruk).



Au rang des autres inventions fondamentales que nous ont léguées ces civilisations lointaines figurent également l’écriture : l’écriture cunéiforme est inventée en 3300 avant notre ère à Sumer, sud de l’actuel Irak, ainsi que la hiérarchisation croissante d’une société organisée selon des groupes et des fonctions. Avec l’émergence des cités-États qui s’ensuit, apparaît une élite sociale qui met à leur service de multiples artisans qui créent de luxueux objets. Ainsi, les tombes royales d’Ur renferment d’exceptionnels trésors d’orfèvrerie : perles d’or et de lapis-lazuli, poignards en or, …



Un art du sacré et du pouvoir

Au cours de cette période millénaire, qui s’achève avec la chute de l’empire achéménide pris par Alexandre en 334, s’exerce successivement la suprématie de différents royaumes ou empires : Sumer, Ubla, Akkad, Byblos, Babylone, Ougarit, Mitanni, Nagar, Mari, Ebla, etc…. Partout, le pouvoir temporel se réclame d’une ascendance divine clairement établie et l’art est au service de la légitimation et de la glorification des dirigeants (stèles commémoratives de victoires). La statuaire immortalise les princes (Gudea) et les chefs militaires (Naram-Sin), mais peut aussi jouer un rôle dans la société en inscrivant la loi dans la pierre (code d’Hammourabi) ou en scellant les inscriptions confidentielles (sceaux-cylindres à l’image des dieux).



Plus généralement, l’art est aussi la marque d’une croyance (statuettes de divinités), d’un territoire (bornes frontières), ou d’une protection divine (enfouissement d’effigies prophylactiques dans les fondations des bâtiments avant leur édification). L’architecture est particulièrement riche et inventive (palais assyriens, ziggurats d’Uruk, etc….) et l’orfèvrerie souvent somptueuse (plats hittites).



Une hétérogénéité source d’unité

Malgré l’hétérogénéité certaine du monde antique oriental, c’est précisément la grande diversité des peuples s’y rattachant qui fait toute la richesse et la complexité de cette période. Ici, point de civilisation une et unique, contrairement à l’Égypte : on assiste tour à tour à l’épanouissement et à l’effondrement de systèmes d’organisation qui s’affrontent, mais qui échangent aussi beaucoup et s’inspirent les uns les autres. C’est sans doute la raison pour laquelle se dégage de cette ère d’influence une unité singulière, souvent difficilement perceptible au premier abord, qui reste encore sensible aujourd’hui dans l’appartenance de l’ensemble des langues qui y étaient parlées pendant l’Antiquité à un même groupe de langues dites sémitiques.








 
 
 

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