les fééries de Fantin-Latour...

28 décembre 2016
« Je me fais plaisir » : par cette phrase écrite dans une lettre à son ami et marchand Edwards en 1869, Fantin-Latour évoque les œuvres dites « d’imagination » qui occupent une part croissante dans son œuvre au fil des années.

Dès 1854, en même temps qu’il peint sa première nature morte et ses premiers portraits, Henri Fantin-Latour réalise ses premières compositions d’imagination. Le jeune artiste n’explore pourtant guère cette veine fantaisiste, choisissant de rester fidèle à la nature. Profondément épris de musique, Fantin s’enthousiasme pour les œuvres de Richard Wagner, Robert Schumann et Hector Berlioz, qui nourrissent son âme de poète. L’année 1876 constitue à ce titre un tournant dans sa carrière : avec L’Anniversaire, l’imagination devient pour le peintre une source d’inspiration assumée, tandis que son séjour à Bayreuth, en terres wagnériennes, lui confirme la place que le féérique peut tenir dans l’art le plus moderne et le moins conventionnel. À compter de 1890, Fantin-Latour n’expose plus au Salon que des compositions d’imagination, pour lesquelles il trouve d’ailleurs de plus en plus d’acheteurs. S’il peint encore des natures mortes, la musique, la mythologie ou même la fantaisie pure prennent le pas sur la réalité. De ses années d’observation intense du réel et de copie d’après les maîtres, il a acquis une maturité et une confiance qui l’autorisent alors à prendre de grandes libertés en termes de composition et dans l’application des couleurs.

Henri Fantin-Latour, La Nuit, 1897,Paris, musée d’Orsay © Rmn-Grand Palais (musée d’Orsay) / Photo Hervé Lewandowski
 
« Je ne fais plus de fleurs. Je puis, grâce au ciel, faire ce qui me plaît ». Ce qui plaît à Fantin-Latour à cette date, en 1899, ce sont les compositions d’imagination : la réalité, nourrie de l’étude du passé, est désormais transcendée par le rêve. C’est avec une manière très personnelle, mélange de savoir-faire longuement mûri et de spontanéité vaporeuse, que Fantin rend hommage à la beauté du corps féminin, son sujet de prédilection. Cette technique, qui déroute la critique avant de la séduire, doit beaucoup aux recherches menées par l’artiste dans le domaine de l’estampe : il adopte en effet, même sur toile, une touche évoquant le grattage systématique de ses œuvres lithographiques. Il en résulte des compositions à la fois très solides et très éthérées, combinaison paradoxale de classicisme et de modernité. 


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