Les muses de Jean Paul Gaultier
Dès ses débuts, il fait du casting sauvage et n’hésite pas à dévoiler haut et fort ses convictions comme dans cette annonce parue dans le quotidien Libération : « Créateur non conforme recherche mannequins atypiques – gueules cassées ne pas s’abstenir. » Se jouant de l’hypocrisie ambiante et de l’inhérente platitude des standards de beauté en vigueur, il fait défiler des corps inhabituels : Tanel Bedrossiantz, Edwige Belmore, Frédérique Lorca, Claudia Huidobro, des corpulences : Stella Ellis, Beth Ditto, Velvet d’Amour, Crystal Renn, des personnalités : Rossy de Palma, Valérie Lemercier ou encore des femmes âgées comme Evelyne Tremois, Polly Mellen, Carmen Dell’Orefice.
La beauté chez Gaultier se définit autrement, à la périphérie des diktats imposés par le monde de la mode et de ses images sur papier glacé. « Mon œil allait toujours vers celles qui étaient différentes. » confie-t-il. Au delà du physique, ce qui intéresse Jean Paul Gaultier c’est la « dégaine » à l’image de Farida Kelfa, sa muse préférée aux racines nord-africaines « Je trouve une fille dans la rue qui me semble bizarre et un peu sensuelle, elle s'appelle Farida. Finalement elle se révèle d'une très grande beauté. La vulgarité est moins une apparence physique qu'une attitude morale. Alors, mes mannequins peuvent être rondes, elles peuvent être toutes petites ou très grandes, avoir une poitrine et des hanches très larges. »
En juillet 2014, Jean-Paul Gaultier invite Conchita Wurst, chanteur et draq queen à barbe pour clore son défilé Couture et déclare : « il inaugure un genre nouveau qui combine attributs de la virilité et grande féminité. C'est un mélange incroyable. C'est un acte de courage et de beauté de vivre sa vie comme on en a envie. »
Pauline Weber