Par la fenêtre ouverte

13 septembre 2013
La fenêtre est l'un des thèmes récurrents de l'histoire de la peinture : avec Matisse et Bonnard, elle devient une métaphore de la peinture elle-même.

©Succession H. Matisse ©Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat



Trois bandes verticales de couleur claire encadrant un profond rectangle noir: peint par Matisse en 1914, « Porte-fenêtre à Collioure » pourrait être un tableau abstrait, tant l'extrême simplification des formes atteint ici sa plus radicale expression. Seule la couleur, claire, limpide, transparente, rappelle la réalité d'une baie ouverte sur l'extérieur, entraînant le regard vers un vide obscur et mystérieux, ne laissant percevoir aucun paysage. Quelques indices – traits noirs horizontaux à peine perceptibles à gauche, une courte oblique au ras du sol, séparant l'outremer profond et le gris clair – confirment le titre du tableau dont les bords se confondent avec ceux de la fenêtre représentée.



Très présent dans son œuvre, le thème de la fenêtre devient chez Matisse une métaphore de la peinture même. Pourtant, comme s'il était allé trop loin, il reprendra par la suite des compositions plus traditionnelles (« Intérieur à Nice, la sieste », « Femme assise, le dos tourné vers la fenêtre ouverte »), comme bien d'autres de ses amis peintres, Dufy, Manguin ou Camoin, dont les tableaux sont des évocations paisibles et intimistes ou des paysages sereins.



Rien de tel chez Beckmann, qui conserve dans « Eglise à Marseille » le regard sombre qu'il porte sur toute chose. Dans un camaïeu de gris et de noirs, apparaît la cathédrale Sainte-Marie-Majeure de Marseille – la « Major » -, vision nocturne et inquiétante, très éloignée des marines pittoresques et autres vues du port de Marseille.



La fenêtre est ainsi pour les peintres à la fois un cadre, une séparation, et le point de continuité entre le dedans et le dehors, « le lieu privilégié où est rendue visible la cohésion de l'espace » (Isabelle Monod-Fontaine). Ainsi, dans son vaste tableau « La Terrasse ensoleillée », Bonnard joue avec les points de vue traversants, brouillant les pistes entre l'intérieur et l'extérieur. Les limites se fondent dans la couleur et la lumière, la réalité se dissout dans une palette flamboyante, faisant d'un moment et d'un lieu indéfinis une vision poétique, une métaphore picturale.




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