Phénoménologie de la perception

25 juin 2013

Marco BALLOCCO, Alternanza di Contrasto, 1962 © MACRO, Rome



«La perception est le médium». L’aphorisme de Bridget Riley résume à lui seul la démarche d’exploration propre aux artistes rassemblés dans l’exposition. Il s’agit de questionner la vision, les mécanismes mis à l’œuvre dans cette «abstraction perceptuelle», telle que définie par William Seitz dans le catalogue de l’exposition «The Responsive Eye» au MoMA en 1965.



A travers cet art perceptuel, une dynamique visuelle, ancrée dans la modernité, a trouvé son langage. Ce sont autant de moyens optiques destinés à renouveler notre approche de l’art, bousculant une conception de longue date attachée à la peinture figurative – «rétinienne». Dématérialisé, le tableau fait place à l’expérience. Débarrassé de l’objet, le regard s’en trouve libéré. L’œuvre se fait lumière, mouvement. Vibration, atmosphère. Dans ces environnements propices à modifier la perception, l’intangible, le fluctuant, le léger prennent le pas sur la matière.



Dans «L’œuvre ouverte» (1962), Umberto Eco qualifie l’art cinétique de «forme d’art plastique dans laquelle le mouvement des formes, des couleurs et des plans est le moyen d’obtenir un changement de l’œuvre d’art dans son ensemble». Le spectateur n’est plus uniquement invité à contempler ; bien plus, à réagir à un phénomène, dans lequel l’œuvre contemporaine elle-même en tant qu’objet physique, matériel, tend à disparaître. Echappant à la norme classique, cette dernière n’impose aucun message. Le rapport au réel évolue. Seul le regard du spectateur contribue à la rendre achevée, jouant avec l’oscillation permanente, le discontinu, l’aléatoire. Sa singularité, son existence proviennent d’une nécessaire reconstruction continuelle. Multiplication des perspectives, incessante métamorphose.

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