Rencontre avec Jean-Pierre Limosin, réalisateur de la "Visite à Hokusai" diffusé sur Arte, disponible en DVD

10 décembre 2014
Pour accompagner l’exposition Hokusai, le Grand Palais a coproduit avec Arte et Zadig Productions, le documentaire inédit VISITE A HOKUSAI et met en lumière l’œuvre de l’artiste le plus célèbre du Japon.



      Visite à Hokusai est une invitation au voyage en compagnie d'amirateurs éclairés et de connaisseurs japonais, à la rencontre d'Hokusai dont l'influence artistique a indéniablement irrigué les arts européens jusqu'au Manga contemporain. Rencontre avec le réalisateur, Jean-Pierre Limosin, familier et spécialiste du Japon
Jean-Pierre Limosin



















































Après la fiction Tokyo Eyes, le documentaire sur la mafia japonaise Young Yakuza,  tous deux présentés  au Festival de Cannes,  un autre documentaire sur votre ami Takeshi Kitano, l’imprévisible et encore d’autres films sur le Japon, pourquoi avoir souhaité faire un documentaire d’art sur Hokusai ?



Je suis tombé, il y a une vingtaine d’années, sur une réédition d’un livre d’Edmond de Goncourt : “Hokousaï, L’art japonais au XVIII siècle ».  Cette biographie a été écrite 40 ans après la disparition de Hokusai. J’y ai découvert un Hokusai au caractère renfrogné, parfois burlesque mais toujours orienté sur un seul but : dessiner, dessiner jusqu’à l’éternité...

Et au cours de mes différents voyages, en rencontrant des dessinateurs de mangas, des musiciens, des cinéastes, je retrouvais chaque fois un peu de cet esprit Hokusai propre aux chercheurs, aux historiens ou encore aux artistes contemporains…  comme Marcel Duchamp quand il répondait à la question agacée qu’on lui posait un jour :  -”Mais enfin, Marcel Duchamp, qu’est-ce que l’Art?  Réponse : Un rendez-vous! »





Il y a un véritable engouement pour le Japon... le succès des mangas, des films d’animation, la gastronomie japonaise, la Japan Expo, l’exposition Hokusai maintenant au Grand Palais...  La France est fascinée par le Japon et inversement.



C’est le meilleur endroit de la Planète pour se perdre.  Il ne faut pas entendre cela d’une façon négative. Au contraire, ce serait plutôt la meilleure place pour être secoué dans nos certitudes, pour être troublé dans nos sensations, pour s’étonner, pour s’augmenter.

La distribution tardive en France des films d’Ozu, les romans de Kawabata et de Tanizaki, en autres, m’ont incité à y aller. Par un concours de circonstance, j’ai eu la chance de participer à un voyage d’étude sur l’Art Vidéo et ce fut le début d’incessants aller et retour.





Une longue séquence de votre documentaire se plonge dans les estampes érotiques d’Hokusai… 



Si j’avais été Maître chez moi, j’aurai consacré entièrement le documentaire aux Shunga, ces estampes intimes. La modernité de l’œuvre d’Hokusai réside aussi  dans l’égalité de valeur des motifs. Il n’y a pas de motifs mineurs. A travers la réalité de ces estampes, nous pouvons nous approcher de la culture de l’Epoque Edo. Le cinéma rose (pinku eiga) des années 60 avec des cinéastes remarquables comme Koji Wakamatsu, Masao Adachi, les Mangas pour adultes, les illustrateurs comme le génial Toshio Saeki viennent de cette tradition. Tout comme les Shinga trouvent leur origine en Chine, cela participe  d’une chaîne de savoirs. Nous savons si peu sur l’intime.



En France, le manga connait un énorme succès; la France est le 2ème consommateur mondial de mangas ! Pourquoi à votre avis ?



C’est grâce aux éditeurs français qui par passion, certains par intérêts, ont réussi à réveiller notre curiosité. Et ce ne fut facile. Rappelons-nous comment fut vilipendée l’Animation Japonaise, il n’y pas si longtemps! Mais la curiosité a gagné sur les prescripteurs!



Fabrice Luchini prête sa voix aux commentaires. Qu’est-ce qui a motivé votre choix ? A-t-il un lien avec le Japon ? 

© Sylvie Lancrenon





Je désirais pour le commentaire avoir une voix qui mette un peu de distance avec le fait culturel. C’est un film, c’est de la culture, mais gardons l’esprit Hokusai. Relativisons ! Fabrice était l’évidence. Quand je l’ai appelé pour lui proposer de dire le commentaire, il m’a répondu qu’il ne connaissait du Japon que le bouddhisme Zen et qu’il appréciait énormément.  Nos rires ont conclu l’affaire.



Avez-vous un nouveau film sur le Japon en préparation ? 



Un long et large portrait du cinéaste Kiyoshi Kurosawa qui sera réalisé avec l’ami Alain Bergala pour Ciné Plus et Arte ainsi qu’un film de fiction, entre la France et le Japon. Mais tout ce qu’on annonce n’advient pas forcément…





Découvrez un extrait du film 









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