Sensuelles baigneuses et modernes Vénus

9 septembre 2013
Le soleil du Midi et les bords de mer offrent aux artistes de nouveaux thèmes, comme celui des baigneuses : une manière de renouveler l’art du nu féminin.

Naissance de Vénus, Diane au bain, nymphes et naïades : l’histoire de l’art regorge de beautés dénudées sortant de l’onde, prétextes mythologiques au traitement du nu féminin. La découverte du Midi va permettre de renouveler le genre, codifié par des siècles de tradition. Ker Xavier Roussel a beau avoir recours au thème du « Couronnement de Vénus », où un cupidon ailé s’apprête à ceindre de fleurs la tête de la déesse de la beauté, les peintres abandonnent les antiques légendes au profit d’une réalité plus tangible.



Pour Renoir, ce sont de simples baigneuses aux formes généreuses, alanguies dans la nature. Pour Cézanne, obsédé par l’harmonie des formes, ce sont des études de baigneurs, modernes académies presque abstraites campées au milieu des arbres.


Paul Cézanne, les baigneurs, vers 1892 © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / René-Gabriel Ojéda







Rysselberghe multiplie lui aussi les scènes de baignades : dans L’Heure embrasée , une dizaine de jeunes filles aux longues chevelures sortent de l’eau, se coiffent ou enfilent une tunique, dans la lumière dorée du soir. Est-ce la description d’un moment de la réalité ou l’évocation d’une Arcadie disparue ? Chez Cross, c’est bien la réalité qui l’emporte : « Baigneuses (la joyeuse baignade) » montre de vraies jeunes femmes plongeant dans l’eau, comme dans un instantané photographique.



Manguin se fait plus prosaïque encore avec sa Baigneuse, solide jeune femme aux jambes croisées, remontant sa tunique sur ses hanches massives et son ventre rond. Les baigneuses de Maillol ont-elles aussi  des formes pleines et généreuses. Mais leur sensualité semble intemporelle, comme l’incarnation d’un idéal féminin qui aurait traversé les âges. Qu’il s’agisse de La Vague ou de Méditerranée, il privilégie le corps féminin s’en l’encombrer de détails anecdotiques.



Dans cette même veine, Matisse atteint une forme de plénitude, réalisant l’harmonie parfaite de la forme, de la couleur et de la ligne : Nu assis, nu rose, chef-d’œuvre de 1909, en offre la synthèse la plus aboutie, avant les sublimes papiers gouachés découpés, quelque quarante ans plus tard (« Baigneuse dans les roseaux »).

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