Seydou Keïta, maître portraitiste

1 juillet 2016
Dans les années 50, trois photographes se disputent la vedette à Bamako : Malick Sidibé, Sakaly et Seydou Keïta. Si les deux premiers sont appréciés respectivement pour leurs photos de surprises-parties et d’identité, Seydou Keïta est lui reconnu pour son art du portrait.

Seydou Keïta Sans titre, 1949 Tirage argentique moderne 50 x 60 cm Paris, Fondation Cartier © Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

« Aucun paysage, aucune scène extraite de la vie quotidienne ! Seydou Keïta est un portraitiste. C'est son métier, déclare à juste titre Yves Aupetitallot, commissaire de l'exposition. Il fait des portraits à la demande, en lumière naturelle et en noir et blanc, avec une chambre 13 x 18. »

 

Fin observateur, Seydou Keïta a l’art de sublimer ses modèles en une seule prise de vue. Cela répond bien entendu à des soucis d’économiser le papier qui était cher et difficile à trouver à l’époque mais montre également à quel point le photographe excelle dans la maîtrise du portrait. Refusant les poses frontales, il incline le visage de trois quarts vers la lumière. « Le portrait en buste de biais, c'est moi qui l'ai inventé » dira-t-il à ce propos ne manquant pas d’ajouter : « La technique de la photo est simple mais ce qui faisait la différence, c’est que je savais trouver pour chacun la bonne position. » Il a en effet ce don de mettre ses clients en confiance pour leur offrir le meilleur d’eux-mêmes.

 

Souleymane Cissé, raconte comment petit garçon, il s’est empressé un jour de novembre 1954, au studio de Seydou Keïta pour se faire tirer le portrait en compagnie de son équipe de football. C’est la première fois qu’il se retrouve devant la caméra. Visiblement intimidé, il confie avec émoi la façon dont le photographe l’a rassuré au delà de ses complexes d’enfant : « Mes yeux commencèrent à clignoter de tous les côtés. Seydou me voit. […] Il vient à côté de moi, comme pour me rassurer et me dit : « Laisse toi faire.» Il touche ma tête, la tourne légèrement de côté et me dit de ne plus bouger. […] La photo de Seydoux (est) restée intacte, plus vivante que jamais. Une photo naturelle, prise à un moment unique. »



Pauline Weber


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