Vallotton le «Nabi étranger»

14 janvier 2014
Vallotton n’a que seize ans lorsqu’il arrive à Paris début 1882. Avec une ambition chevillée au corps : se faire une place de premier rang dans le monde de la peinture. Il fourbit ses armes à l’Académie Julian, lieu de rassemblement de nombreux artistes postimpressionnistes. Parmi eux, les futurs Nabis.

Félix Vallotton, La Valse, 1893, huile sur toile, 61 x 50 cm, Le Havre, MuMa - Musée d’art moderne André-Malraux, collection Senn © MuMa, Le Havre / photo Florian Kleinefenn

Pétri d’une rigoureuse éducation protestante, le jeune Helvète parfait son érudition dans les bibliothèques et les musées parisiens, ébloui par les maîtres anciens mais aussi Poussin et Ingres. Copies au Louvre, dessins dans des journaux de mode, leçons : les débuts sont difficiles. Le peintre connaît plusieurs années de dèche.

 

En 1885, il se fait remarquer au Salon des artistes français. Puis se tourne vers la xylographie en 1891, vraisemblablement inspiré par les œuvres présentées par Paul Gauguin et Emile Bernard à l'exposition Volpini (du nom de son propriétaire) sur les cimaises du Café des Arts lors de l’Exposition universelle de Paris de 1889. Autre influence : l’ « Exposition de la gravure japonaise » à l’Ecole nationale des beaux-arts en 1890.  L’art subtil et graphique des estampes nippones inspire toute une génération, qui aspire à exprimer un regard, une sensibilité en accord avec la surface plane de la toile plutôt qu’à se limiter à une simple imitation de la nature.

 

Talent aidant, Vallotton voit bientôt sa situation économique s’améliorer et rejoint les Nabis. Edouard Vuillard l’introduit à cette époque dans le cercle de La Revue blanche, dont il devient dès 1894 le principal illustrateur. Après une ascension fulgurante, il gravite désormais parmi l’élite de l’avant-garde artistique de la capitale.

 

Son mariage le 10 mai 1899 avec une riche veuve, mère de trois enfants, change la donne. La vie de famille, perçue comme un obstacle à son travail, bouleverse celle de l’artiste solitaire. Ses amis anarchistes ne lui pardonnent pas cet embourgeoisement. Vallotton réduit bientôt son activité de graveur au profit de la peinture. Las des aplats, il explore de nouvelles pistes stylistiques. Dans sa vie comme son art, c’est une révolution, qui clôt le temps des Nabis.

 

Inclassable, il ne sera jamais l’artiste d’une seule tendance. Et pour les Nabis, dont il a rallié un temps l’esthétique, il sera resté l’« étranger ».

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