Voir l'Italie...à travers Velázquez

28 avril 2015
Au XVIIe siècle, le séjour en Italie est pour tout artiste, qu'il soit espagnol ou français, un passage obligé...

Diego Velázquez, La tunique de Joseph, vers 1630, Madrid, Real Monasterio del Escorial

Velázquez obtient enfin l'autorisation de s'y rendre en 1629, à l'âge de trente ans. Rubens, qui séjourne alors à la cour madrilène, l'a soutenu dans ce projet auprès du roi Philippe IV. Il y a déjà des tableaux italiens dans les collections royales, mais Velázquez veut découvrir les richesses artistiques de la péninsule afin de parfaire sa formation. Il fait d'abord étape à Venise, la ville du Titien et du Tintoret, deux peintres du XVIe siècle qu'il admire et qui l'influencent fortement. Mais il va également découvrir les innovations d'autres artistes comme Pierre de Cortone, Guerchin ou Poussin, instaurateurs d'un nouveau classicisme qui s'impose à Rome. La fréquentation des milieux artistiques et des collectionneurs de la Ville éternelle lui ouvre des perspectives nouvelles : il s'essaie au paysage et, surtout, au genre majeur qu'est la peinture d'histoire. Il rapporte de ce premier séjour deux compositions ambitieuses: La Forge de Vulcain et La Tunique de Joseph, aussitôt acquis par la couronne d'Espagne.


Diego Velázquez, Portrait du pape Innocent X, 1650, Rome, Galleria Doria Pamphilj © Amministrazione Doria Pamphilj srl

Presque vingt ans plus tard, en 1649, Velázquez retourne en Italie, missionné cette fois par Philippe IV qui veut enrichir ses collections : le peintre des Ménines est chargé d'acquérir des œuvres d'art pour les palais royaux. De nouveau séduit par les charmes de la péninsule italienne et de Rome, Velázquez s'attarde un peu plus longtemps que prévu : loin de la cour, l'air doit lui sembler plus léger. Durant ces deux années, l'artiste s'acquitte de sa tâche et peint deux chefs-d'œuvre : la Vénus au miroir et le Portrait du pape Innocent X, deux sommets dans l'art du nu et celui du portrait. En voyant son reflet sous le pinceau du maître espagnol, le souverain pontife l'aurait refusé avec ce commentaire : « troppo vero », trop vrai... Ce tableau a en tout cas fasciné des générations d'artistes dont Francis Bacon, qui le considérait comme « le plus remarquable portrait jamais peint » et en a réalisé plus de quarante variantes.



Sylvie Blin

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