Falconet à Sèvres

ou l'art de plaire

Du 7 novembre 2001 Au 4 février 2002
Musée de Céramique de Sèvres
Description


Exposition organisée par la Réunion des musées
nationaux / Musée national de Céramique, Sèvres

Etienne Falconet, (1716-1791) célèbre sculpteur du règne
de Louis XV, fut, comme ses contemporains Coustou et Pigalle, au service
de Madame de Pompadour. C’est pour le vestibule de son château
de Crécy, près de Dreux, qu’il créa des statues de
Flore et de Pomone et pour la Laiterie dans le parc une
Jeune bergère en laitière...

Remarqué aux Salons de 1755 et de 1757 avec ses marbres de L’Amour
et de la Nymphe descendant au bain (dite Baigneuse),
Falconet fut nommé en 1757 directeur de l’atelier de sculpture
de la Manufacture royale de porcelaine, où il donna un élan
nouveau aux créations sculptées en utilisant la prouesse
technique des biscuits de porcelaine tendre, sans couverte, mise au point
par les artisans de la Manufacture de Vincennes. Son activité se
prolongea jusqu’à son départ pour la Russie, en septembre 1766.

L’exposition regroupe 160 œuvres de Falconet, provenant de
collections publiques et privées, françaises et européennes ;
elles retracent l’œuvre du sculpteur tant aimé de Diderot,
qui le jugeait bourru, mais qui notait avec passion « Voici
un homme qui a du génie et qui a toutes sortes de qualités
compatibles et incompatibles avec le génie... c’est qu’il
pétrit la terre et le marbre » ; le philosophe
lui avait d’ailleurs confié le chapitre sur la sculpture dans
l’Encyclopédie.

Pour la première fois, les plus beaux marbres de Falconet sont
présentés auprès des biscuits et certaines terres-cuites
originales. Sont également exposés des dessins de Boucher
et des gravures illustrant des thèmes à la mode, qui ont
inspiré Falconet. Elève de Jean-Baptiste II Lemoyne (1704-1778),
celui-ci se montra sensible aux leçons de Puget et du Bernin, mais
à Sèvres c’est en effet l’influence de Boucher
qui prévaut dans ses sculptures.

Dès 1757 le sculpteur crée une première série
d’Enfants dits Falconet, illustrant des métiers
et des jeux, pour animer et décorer les divers services en porcelaine
de Sèvres ; la mode fut adoptée par les autres cours européennes
et la manufacture reçut force commandes. Dans les trois dernières
années de son directorat, Falconet donna une nouvelle série
d’Enfants plus réalistes, plus dynamiques, farceurs
et drôles.

Mais ce sont les bergers galants, sortis des pastorales peintes par Boucher
et des comédies de Favart, les couples de danseurs ou les groupes
illustrant contes et fables, qui restent les plus gracieuses réussites
du biscuit de porcelaine tendre : Annette et Lubin, La Fête
au château, La Danse héroïque, La Bohémienne…
dont Louis Réau écrivit : « Les
modèles sculptés de l’artiste constituent comme un
journal sculpté du théâtre et de la mode entre 1756
et 1766 et sont certainement les documents les plus évocateurs
de la vie parisienne au temps de Louis XV » . Le théâtre
comme le ballet sont en pleine expansion vers 1760 ; on peut noter
d’ailleurs que les règles de la grande chorégraphie
classique se constituent alors, avec des pas, des attitudes et des aplombs
demandant aux danseurs, encore somptueusement vêtus, une exceptionnelle
maîtrise de soi.

Enfin, tout en adoptant le goût classique dans les Baigneuses
et les figures allégoriques, Falconet donna aux groupes en
biscuit une tournure rocaille remarquable, tant dans des figures religieuses
comme le Saint Antoine que dans des sujets plus libertins comme
Nymphes repoussant ou suppliant des satyres ou Erigone et Bacchus
(dite La nymphe à la vigne).

Enfants joufflus et espiègles, bergers galants, naïades et
faunes font revivre le goût de la nature, un certaine érotisme
élégant - oublié aujourd’hui - et la grâce
rocaille de cette époque.