Seydou Keïta : les derniers jours

7 juillet 2016
L'exposition Seydou Keïta ferme ses portes le 11 juillet, il est encore temps d'aller admirer les portraits du maître photographe malien.

Affiche de l’exposition © Affiche pour la Réunion des musées nationaux Grand Palais, Paris 2016

Seydou Keïta est né vers 1921 à Bamako (à cette époque capitale du Soudan français). Il ne fréquente pas l’école, et dès l’âge de 7 ans, devient apprenti menuisier auprès de son père et de

son oncle, qui lui offre en 1935 son premier appareil photo, un petit Kodak Brownie.



En 1939, il gagne déjà sa vie en tant que photographe autodidacte, et en 1948 il ouvre son studio sur la parcelle familiale, dans un quartier très animé de Bamako, non loin de la gare.  Il se spécialise dans le portrait de commande, individuel ou de groupe, qu’il réalise essentiellement à la chambre 13 x 18, et en noir et blanc, avec une préférence pour la lumière naturelle. La plupart des tirages d’époque dits « vintage » sont des tirages contact, au format du négatif, que Keïta réalise lui-même. Le papier est cher et difficile à trouver. À la demande de certains clients fortunés, il lui arrive rarement de réaliser des tirages en 30 x 40. Plus exceptionnellement les accessoires, bijoux notamment, ont été colorisés pæ©ar l’encadreur.



Seydou Keïta aime tout simplement la photographie et veut donner à ses clients la plus belle image possible. Il positionne la plupart du temps ses sujets, en buste légèrement de trois quart ou en pieds, et utilise des fonds en tissu, à motifs décoratifs, qu’il change successivement au bout de quelques années, tout en les réutilisant parfois. C’est grâce à ces fonds qu’il pouvait à peu près dater ses clichés. Avec les premiers bénéfices de son activité, il acquiert des vêtements « chics », à la mode occidentale, des accessoires, du petit mobilier, un poste de radio, des bijoux mais aussi une voiture et un scooter qui sont gracieusement mis à la disposition de ses clients qui ont le loisir de composer ainsi leur représentation.



La notoriété de Seydou Keïta a été rapide à Bamako, au Mali, et dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest. La valorisation de ses sujets, la maîtrise du cadrage et de la lumière, la modernité et l’inventivité de ses mises en scène lui ont valu un immense succès. Le 22 septembre 1960, la République soudanaise proclame son indépendance, Modibo Keïta devient le premier président de la République du Mali, et instaure un régime socialiste. En 1962, à la demande des autorités, Keïta ferme son studio et devient photographe officiel du gouvernement, jusqu’à sa retraite en 1977. Il décède à Paris en 2001.





Parmi les œuvres à voir...


Seydou Keïta Sans titre, 1949-51 Tirage argentique d’époque 18 x 13 cm Paris, galerie MAGNIN-A © Seydou Keïta / SKPEAC / photo François Doury
Seydou Keïta Sans titre, 1952-56 Tirage argentique moderne 180 x 120 cm Genève, Contemporary African Art Collection © Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC – The Pigozzi Collection, Genève
Seydou Keïta Sans titre, 1959 (Autoportrait) Tirage argentique moderne réalisé en 1994 sous la supervision de Seydou Keïta et signé par lui. 60 x 50 cm Genève, Contemporary African Art Collection © Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

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