Devenue artiste, Niki de Saint Phalle a pourtant un temps envisagé d’être comédienne. Si elle refuse quelques rôles sur scène ou au cinéma, sa carrière ne tarde pas à trouver le chemin des planches.
20 أكتوبر 2014
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Mickaël Pierson, historien d'art
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D’abord spontanés, ses Tirsvont peu à peu se muer en des performances au déroulement sciemment réglé : un costume, une certaine mise en scène et, comme toujours depuis son premier essai, un public. Le 20 juin 1961, l’artiste est même invitée à produire un Tir sur scène lors du concert Variation II à l’ambassade américaine de Paris aux côté de Robert Rauschenberg, Jasper Johns et Jean Tinguely. (1) Peu de temps après son premier Tir aux Etats-Unis en 1962, Niki de Saint Phalle participe à un spectacle de Kenneth Koch mis en scène par le chorégraphe Merce Cunningham à New York. La brève pièce montre la naissance d’une ville : Tinguely représente l’architecture, Rauschenberg le temps et Niki de Saint Phalle l’art. En costume napoléonien, l’artiste tire sur un moulage de la Vénus de Milo empli de sacs de peinture. The Construction of Boston fait un tabac. A nouveau sur proposition de Koch, elle incarne, en 1965, l’Esprit de la nuit dans The Tinguely Machine MysteryorThe Love Suicide at Kaluka avec pour décor des machines de Tinguely au Jewish Museum.
C’est dans ce même théâtre que Niki et von Diez présentent, en 1968, une pièce écrite à quatre mains : ICH, All about me (2). Après avoir assassiné ses parents, Ich s’essaie tour à tour pilote de ligne, cantatrice, milliardaire, missionnaire… avant de se réaliser pleinement à la tête d’une communauté de « monstriens ». Si l’on reconnait des éléments biographiques d’une Niki en révolte contre son passé, la pièce intéresse aussi par le réemploi de l’iconographie de l’artiste, décors et costumes citant directement des œuvres anciennes. Clark Cooldridge contre l’Assemblée des femmes, adaptation d’Aristophane par von Diez et le gendre de Niki, Laurent Condominas, est sa dernière collaboration théâtrale : elle crée les décors tandis que les costumes sont réalisés par Laura Condominas, sa fille.
(1) C’est finalement un tireur professionnel et non l’artiste qui tire, l’ambassade craignant un accident.
(2) « Moi, tout sur moi ».