Abstraction - création : le combat contre la représentation du réel
En 1931, Kupka devient membre du comité directeur de l’association Abstraction-Création et collabore aux trois premiers numéros de la revue ; il ne participe cependant à aucune des expositions du groupe. Le peintre tchèque est heureux de voir enfin reconnus ses principes d’art non-figuratif, qu’il défend avec un sentiment d’isolement depuis 1912.
Pour le peintre, le début des années trente marque une simplification de ses oeuvres qui évoluent vers plus de dépouillement. La palette de couleurs souvent limitée aux couleurs pures : rouge, bleu et jaune se déploient dans les deux dimensions du tableau. A cette époque, l’artiste étudie la philosophie grecque, particulièrement Platon et Pythagore. Ses oeuvres, comme celles de Piet Mondrian (1872-1944) acquièrent alors un équilibre par l’agencement de formes élémentaires, lignes et plans. Sur la toile blanche de Plans diagonaux (ci-contre), les formes s’animent en rupture avec le schéma statique des lignes horizontales-verticales. Grâce aux recherches menées, l’abstraction, qui n’était plus vraiment une nouveauté depuis la fin des années vingt, se renouvelle, explorant le domaine mathématique et approfondissant celui de la lumière.
À propos d'Abstraction-Création
Sous l’influence de Théo van Doesburg qui souhaite réunir les peintres non-figuratifs dans un mouvement largement ouvert à tous, l’association Abstraction-Création naît le 15 février 1931. Les artistes représentant les différents courants de cette avant garde se rassemblent, soit plus de quarante membres qui s’engagent à ne pas copier ni interpréter la nature.
Durant l’entre-deux-guerres, Abstraction-Création connaît une diffusion internationale : un pont est ainsi établi entre les milieux de l’avant-garde non-figurative européenne et les États-Unis où l’American Abstract Artists est fondé en 1936. Abstraction-Création contribue ainsi à l’évolution de la peinture américaine et cette même année, Kupka participe à l’exposition « Cubism and Abstract Art » au Musée d’Art Moderne de New York aux côtés d’autres grands créateurs comme le peintre abstrait Kasimir Malévitch (1878-1935) suprématiste.
Au moment où le monde politique et économique est en crise, cette parution audacieuse, où publient théoriciens et praticiens de l’art abstrait, persiste à interroger la création artistique dans sa liberté de concevoir.