L'expressionnisme abstrait américain

6 juillet 2012

Jackson Pollock (1912-1956) Peinture (Argent sur noir, blanc, jaune et rouge), 1948 Marouflé, peinture à l’huile, 61 x 80 cm. Paris, musée national d’Art moderne - Centre Georges Pompidou Achat en 1972 © ADAGP, Paris, 2012 © Photo Collection Centre Pompidou, Dist. RMN / Philippe Migeat

L’expressionnisme abstrait américain est le premier grand mouvement artistique des États-Unis d’Amérique. Les artistes expérimentent une nouvelle forme de peinture dans laquelle ils s’expriment par le geste, la couleur et la matière.

Les origines de l’expressionnisme abstrait américain

Quelques dates : En 1929, le Museum of Modern Art (MOMA) ouvre ses portes à New York (USA).

En 1933, le président des États-Unis, Franklin Delano Roosevelt, crée une aide économique pour les artistes. La scène artistique américaine se met en place.

En 1936, l’exposition « Cubism and abstract art » est présentée au MOMA.

Ces événements favorisent l’émergence de l’art abstrait américain dont le premier mouvement d’avant-garde est l’expressionnisme abstrait. Il se développe dans les années 1950-1960. Aucun manifeste n’a été rédigé. Les artistes ne s’engagent pas dans l’écriture, car pour eux, le langage plastique doit se suffire à lui-même. La principale nouveauté réside dans une nouvelle relation au geste.

Caractéristiques d’une œuvre «expressionniste abstraite américaine»

Deux courants se développent :



• L’Action Painting (peinture gestuelle ou peinture d’action).

• Le Colorfield (champ coloré)

Action Painting

En 1950, le philosophe et critique d’art américain Harold Rosenberg (1906-1978) qualifie la première tendance artistique de l’expressionnisme abstrait d’action painting. Les Principaux représentants sont :



• Willem de Kooning (1904 – 1997)

• Lee Krasner (1908 – 1984)

• Franz Kline (1910 – 1962)

• Jackson Pollock (1912 – 1956)

• Robert Motherwell (1915 – 1991)



Jackson Pollock invente une nouvelle façon de peindre en posant ses toiles sur le sol afin de faire gicler, verser ou jeter la peinture. Il recouvre la surface de la toile par des coulures réalisées à partir d’un bâton ou directement avec le pot de peinture qu’il a préalablement percé de trous. Il utilise de la peinture industrielle. Ses compositions abstraites sont le reflet d’une impulsion corporelle. Le corps entier du peintre agit sur la toile. Il rompt avec la tradition en peinture où l’artiste est devant son chevalet. Cette technique du dripping offre une dimension d’un acte non prémédité, comme une trace de l’expérience vécue. L’artiste de donne plus à voir un objet ou un sujet mais un acte de création. Peinture (Argent sur noir, blanc, jaune et rouge) est un réseau linéaire complexe avec de nombreuses circonvolutions. En 1946, Jackson Pollock bascule dans l’abstraction et créer des œuvres avec des superpositions de matières. Son rapport avec la toile est brutal. Ce réseau linéaire appelé all over se poursuit sur les côtés de la toile.



Robert Motherwell a de nombreux centres d’intérêt comme la philosophie, la littérature, la psychanalyse… Pendant plus de quarante ans, Robert Motherwell va utiliser le noir et le blanc, car ces couleurs ont une symbolique forte : « le noir représente la mort, l'angoisse, le blanc représente la vie, l'éclat. » Cet artiste utilise la même technique que Jackson Pollock en peignant la toile à même le sol, car pour lui, il est plus facile de tourner autour de la toile, le champ de vision est plus large et la peinture ne coule pas. Mais il termine son tableau debout. On peut parler de lyrisme dans sa peinture. Il mélange les formes organiques et géométriques. Particulièrement choqué par la guerre d’Espagne, ce thème sera répétitif dans son œuvre comme dans l’œuvre Élégie à la République espagnole, 70.

Colorfield

Contrairement à l’action painting, les artistes de ce nouveau mouvement expressionniste vont travailler avec des aplats de couleurs vives, supprimant toute profondeur dans leur toile. C’est Clement Greenberg (1909-1994), critique d’art américain qui qualifie, en 1962, cette nouvelle manière de peindre de colorfield painting. Les Principaux représentants sont :



• Mark Rothko (1903 – 1970)

• Arnold Gottlieb (1903 – 1974)

• Clyfford Still (1904 – 1980)

• Barnett Newman (1905 – 1970)



Mark Rothko, à partir des années 1950, travaille avec des rectangles. Les surfaces s’interpénètrent et créent des espaces méditatifs. Dans ses toiles, il n’y a plus de différence entre figure et fond, car le tableau est une surface de zones colorées. N° 14 (Browns over Dark), est une toile composée d’aplats de trois grandes formes rectangulaires. Ces rectangles aux contours imprécis offre au spectateur une nouvelle contemplation, il est happé par la peinture et doit laisser son regard voyager entre les différentes surfaces.



Barnett Newman est l’inventeur des fameux « zips » (des coupures verticales de peinture qui séparent les plans de couleurs) mais l’artiste ressent plutôt la chose ainsi: "Je sens que mes zips ne divisent pas mes peintures. Je sens qu'ils provoquent exactement l'inverse, ils unifient l'ensemble". Il pousse ses recherches vers la verticalité. Concord traduit bien cette notion de « zip » et de verticalité.

 

Mark Rothko (1903-1970) N° 14 (Browns over Dark), 1963 228,5 x 176 cm Paris, musée national d’Art moderne - Centre Georges Pompidou Achat en 1968 © 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko, ADAGP, Paris, 2012 © Photo Collection Centre Pompidou, Dist. RMN / Droits réservés

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