Les autres
Les autres
Chaque fois, quelque chose est dit, révélé, dans un regard, un geste, une affection dans la pose. A croire que Mapplethorpe savait « prendre le meilleur des autres »*. Toujours sous contrôle, ses célèbres modèles, qu’il comptait pour la plupart parmi ses amis intimes, s’abandonnent un peu, jamais trop. On retient les nombreux portraits de la culturiste Lisa Lyon (plus de 180), dont la silhouette lui évoquait les modèles féminins de Michel Ange, et ceux de sa muse et éternelle complice Patti Smith (plus de 124), égérie punk et poétesse rock qu’il rencontre en 1967, l’année de ses vingt ans. « J’étais obsédé par elle, pour elle. Elle était vraiment la personne. »
Au sujet du portrait, Mapplethorpe déclare : « J’aime beaucoup photographier les têtes des gens. Je les conçois comme mes torses. Je les considère comme de vraies sculptures ». Contrairement à ses autoportraits, dans lesquels il n’hésite pas à se mettre en scène, à la manière de Cindy Sherman ou de Francesca Woodman, jusqu’à céder à l’esthétique camp, ses portraits s’inscrivent dans la pure tradition américaine du genre : c’est toute la rigueur formelle, la majesté du noir et blanc d’Irving Penn ou de Richard Avedon que l’on retrouve chez Mapplethorpe. « Intimes ou plastiques. Ni ridicules ni laids »*, ce sont ces modèles devenus icônes qui le mèneront sur le Walk of Fame.
* « Dans la vie noire et blanche de Robert Mapplethorpe » de Judith Benhamou-Huet, éditions Grasset, 2014
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