Niki de Saint Phalle : performances et spectacles
Niki de Saint Phalle : performances et spectacles
Plus ambitieux, le ballet L’Eloge de la folie de Roland Petit est monté au Théâtre des Champs-Elysées à Paris en 1966. Sur les conseils du galeriste Alexandre Iolas, le chorégraphe contacte Niki de Saint Phalle, JeanTinguely et Martial Raysse pour les décors. Niki imagine la folie de la drogue (des tableaux de couleurs vives contre lesquels un danseur se débat) et de la guerre (le tyrannosaure déjà plusieurs fois aperçu dans son travail), mais surtout la suprématie féminine qu’elle montre sous la forme de plusieurs Nanas que les danseurs font évoluer comme leurs partenaires avant d’accueillir une immense Nana descendant du ciel. Niki est ravie de renouveler l’expérience de la scène quelques mois plus tard au Staatstheater de Kassel durant l’exposition Documenta, où Rainer von Diez l’invite à créer décor et costumes pour Lysistrata. La pièce d’Aristophane dans laquelle les Athéniennes font la grève du sexe pour protester contre la guerre contre Sparte ne pouvait que l’enthousiasmer. S’inspirant de la grande Hon qu’elle vient de créer à Stockholm, Niki fait de l’Acropole une gigantesque Nana couchée depuis laquelle les femmes, en mini-jupes et soutien-gorge colorés, apostrophent et congédient les comédiens. Dans ce contexte féministe et de guerre du Vietnam, la pièce s’achève par un sirtaki réconciliateur.
C’est dans ce même théâtre que Niki et von Diez présentent, en 1968, une pièce écrite à quatre mains : ICH, All about me (2). Après avoir assassiné ses parents, Ich s’essaie tour à tour pilote de ligne, cantatrice, milliardaire, missionnaire… avant de se réaliser pleinement à la tête d’une communauté de « monstriens ». Si l’on reconnait des éléments biographiques d’une Niki en révolte contre son passé, la pièce intéresse aussi par le réemploi de l’iconographie de l’artiste, décors et costumes citant directement des œuvres anciennes. Clark Cooldridge contre l’Assemblée des femmes, adaptation d’Aristophane par von Diez et le gendre de Niki, Laurent Condominas, est sa dernière collaboration théâtrale : elle crée les décors tandis que les costumes sont réalisés par Laura Condominas, sa fille.
(1) C’est finalement un tireur professionnel et non l’artiste qui tire, l’ambassade craignant un accident.
(2) « Moi, tout sur moi ».