Chuck Close et l'art du portrait figuratif
Chuck Close et l'art du portrait figuratif
Doté d’un habile coup de pinceau, il semblait davantage destiné à suivre la voie de l’expressionnisme abstrait et de son père spirituel Willem de Kooning. Pourtant, le destin en a voulu autrement : « J’ai jeté mes outils. J’ai choisi de faire des choses avec lesquelles je n’avais aucune facilité » reconnaît-il. À New-York, il boit littéralement tout ce qui l’entoure, rencontre de nombreux artistes à l’image de Robert Rauschenberg, Roy Lichtenstein ou Agnès Martin avec qui il se plait à entrer dans des débats houleux et qui lui servent également de modèles. Dès ses débuts, Chuck Close peint principalement sa famille et ses amis.
Pour créer ses « têtes » pour reprendre un terme qu’il affectionne, Chuck Close part d’une photographie qu’il divise à l’aide d’une grille et qu’il reproduit minutieusement, carré par carré sur la toile. D’un simple outil, la grille va progressivement faire partie intégrante de son processus créatif et devenir un sujet en tant que tel.
Compte tenu de leurs formats immenses, les portraits de Chuck Close n’épargnent aucun détail et montrent un hyperréalisme poignant qui sera tour à tour grisé, pixellisé, flouté au grès de l’évolution de son travail. « Je pense que le visage est une sorte de carte routière de la vie d’une personne. »
Un autre coup du sort s’abat sur l’artiste en 1988. Victime d’une rare lésion de la moelle épinière qui le prive en grande partie de l’usage de ses membres, il invente alors un système pour faire tenir son pinceau à son poignet et à son avant-bras. À la manière de Matisse qui atteint d’un cancer à la fin de sa vie, découpait des feuilles de papier coloré à défaut de peindre, Chuck Close prend sa revanche contre la maladie et renouvelle avec force l’impact visuel de son œuvre qui au delà de la peinture comprend gravures, photographies et tapisseries basées sur des polaroids.