Œuvres commentées de Fragonard : Le Contrat

Œuvres commentées de Fragonard : Le Contrat

18 December 2015
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Jean-Honoré Fragonard, Le Contrat, Contre-épreuve reprise à la plume et encre brune, lavis brun, Paris, Petit-Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Le Contrat



La nouvelle du « Contrat », incluse dans toutes les éditions des Contes depuis 1718, n’est pas de Jean de La Fontaine, mais d’un certain chevalier de Saint-Gilles. L’histoire est assez banale. Un précepteur chargé de l’éducation d’un jeune garçon séduit sa soeur aînée, tant et si bien qu’un enfant s’annonce. Alors qu’entre les jeunes gens « leur tendresse étoit mutuelle », le mariage est impossible car « elle était riche, il était gueux ».

Le père de la jeune fille se met alors en chasse d’un quidam

Riche suffisamment, et de bonne famille ;

Au surplus, bon enfant ; sot, je ne le dis pas,

Puisqu’il ignoroit tout le cas.




Mais quand, quatre mois après le mariage, la jeune épouse met au monde une fille, l’époux comprend qu’il a été berné et menace d’abandonner le foyer. Le beau-père sait alors mettre fin à ses plaintes en lui faisant

… un bon contrat de quatre mille écus,

Qu’autrefois pour semblable affaire

Il avoit eu de son beau-père.




Le dessin de Fragonard a été parfois mal interprété. Ce n’est pas la signature de ce curieux contrat, transmis d’une génération à l’autre, que l’artiste a voulu montrer. Nous nous trouvons en fait dans la salle d’étude où le précepteur dispense ses leçons au jeune frère de la donzelle, représenté ici déchiffrant dans un livre ouvert sur un bureau incliné. L’enfant paraît bien petit pour, comme nous le dit l’auteur, être déjà capable d’expliquer Horace et Virgile. Mais étant donné sa jeunesse synonyme d’innocence, les jeunes tourtereaux ne s’en trouvent sans doute que plus à l’aise pour donner libre cours à leurs sentiments. Plutôt que d’évoquer la duperie entre le beau-père et son gendre, comme l’ont fait Charles-Nicolas Cochin le Jeune et Charles Eisen, Fragonard offre ici, avec cette scène baignée d’une douce lumière, une étreinte parmi les plus tendres de cette série.



Marie-Anne Dupuy-Vachey


 

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