Carambolages : les secrets des œuvres - La Grande Ourse, le Soleil et la Lune

Carambolages : les secrets des œuvres - La Grande Ourse, le Soleil et la Lune

20 April 2016
L'exposition Carambolages rassemble 185 œuvres plus variées et originales les unes que les autres. Pour vous aider à les découvrir, le Grand Palais vous propose d'en mettre quelques unes en lumière tout au long de l'exposition.

La Grande Ourse, le Soleil et la Lune, Corée, époque Choson, xixe siècle, Paris, musée national des Arts asiatiques – Guimet

Carambolages : les secrets des œuvres - La Grande Ourse, le Soleil et la Lune



La Grande Ourse a une place particulière en Corée, dans la mesure où il s’agit de l’un de ses cultes les plus anciens. Avant l’arrivée du bouddhisme et du taoïsme via la Chine, les Coréens vénéraient des divinités chamaniques, dont les principales étaient Sansin, dieu de la Montagne, et Chilseong, ou divinité céleste et personnification de la Grande Ourse. Après l’arrivée du bouddhisme, le syncrétisme religieux a formé des associations avec des figures du Bouddha du mahayana, comme le Bouddha coréanisé Yaksayeorae de la médecine.

L’époque Choson, elle, est caractérisée par un total rejet des pratiques religieuses chamaniques, vues par les élites confucianistes comme des croyances magiques dépassées. Ainsi, la production d’une pièce représentant la Grande Ourse est

relativement subversive, car elle reprend des éléments traditionnels par endroits interdits. Cette idée est confirmée par la présence de la Lune et du Soleil, qui sont, selon la mythologie coréenne, des éléments du «monde d’avant», prébouddhique,

composé des étoiles et des deux corps célestes. Demeure la question des trois paires d’éléments, stellaires, qui forment le lien entre les deux parties évoquées: il s’agit vraisemblablement d’autres corps célestes non identifiés. Chilseong est une divinité dont le culte réapparaît aujourd’hui : il est vénéré pour obtenir l’abondance des récoltes, mais aussi la fécondité. Les officiants, souvent des femmes, appelés Mudang, pratiquent les offrandes kosa et des danses effectuées en transe (kot) qui permettent aux chamanes de communiquer avec les esprits des défunts, et éventuellement de prononcer des malédictions.

Le parti pris géométrique et la combinaison chromatique en font une image d’une intense efficacité visuelle.














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