Arielle Dombasle, marraine de l'exposition Mexique

Arielle Dombasle, marraine de l'exposition Mexique

4 October 2016
Arielle Dombasle, la plus mexicaine des artistes françaises, est la marraine de l’exposition Mexique.

Elle a vécu ses 18 premières années au Mexique où son grand-père, résistant de la première heure, a été envoyé par le général de Gaulle fonder la France libre en Amérique, puis a été nommé ambassadeur de France au Mexique.








Arielle Dombasle au Mexique

Le Mag Grand Palais : Quelle est l’empreinte artistique de cette enfance mexicaine ?



Arielle Dombasle : Elle est si vaste, si profonde, si fondamentale qu’il est difficile de la réduire à quelques noms. Je suis sculptée par le Mexique, infusée par ses artistes et son iconographie, sa culture populaire et son artisanat – le plus beau du monde ! Je suis imprégnée de la grande et récente ferveur catholique, du mysticisme, des mystères de la culture préhispanique et de la candeur de l’esthétique indienne.



Le Mag GP : Vous, ou votre famille, avez connu personnellement certains artistes de cette époque ?

AD : J’ai eu la chance de naître dans une famille très sensibilisée aux arts, aux lettres, à la peinture. Ma grand-mère, quand elle était auprès de mon grand-père en poste à l’ambassade, a aidé de nombreux artistes en exil. Elle a été par exemple très proche de Saint-John Perse, de Benjamin Péret, du courant surréaliste de Pierre Mabille et de ses amis mexicains Octavio Paz, Carlos Fuentes, Rulfo. C’est elle aussi par exemple qui a organisé la première exposition en France de Rufino Tamayo.

Elle a bien sûr rencontré Diego Rivera et Frida Kahlo. Ils avaient des chiens xoloitzcuintle et nous avons même adopté les petits de leurs chiens !
Arielle Dombasle,enfant, dans sa maison de Mexico © collection personnelle A. Dombasle



Ma mère a aidé de nombreux artistes qui fuyaient l’Europe et qui sont devenus de grands amis. Wolfgang Paalen, Alice Rahon et tant d’autres dont Remedios Varos. Leonera Carrington – dont les œuvres ont toujours fait partie des murs de la maison où elles étaient exposées depuis que j’ai ouvert les yeux sur le monde. C’était des grands amis.

Elle a aussi, en tant qu’épistolière et immense poète qu’elle était, écrit un livre « Aztlan » (le nom de l’enfer Maya), une série de nouvelles illustrées par Rufino Tamayo, qu’elle a aidé à faire connaitre comme, du reste, le peintre chinois Zao Wooki ou encore Tamara de Lempicka. Cette artiste très proche qui vécut les dernières années de sa vie à Cuernavacca et dont mon propre frère Gilbert dispersa les cendres sur le volcan Popocatepetl qui furent ses dernières volontés.



Le Mag GP : Vous avez choisi votre pseudonyme Arielle Dombasle en souvenir de votre maman, disparue tôt quand vous aviez 11 ans. Quel rapport avait-elle avec le Mexique ?

AD : Ma mère était la grâce même. C’est pour cela que j’ai voulu porter son nom, elle qui a eu une vie si courte. J’ai voulu prolonger, en portant son nom, sa vie en double. Elle adorait le Mexique et prenait beaucoup de photographies du pays. Elle avait rencontré Bravo ; elle était très inspirée par l’immense Eisenstein et elle chantait boléros et charangos, la musique merveilleuse populaire.




Man’ha Garreau-Dombasle, ambassadrice et poétesse © collection personnelle A. Dombasle

Le Mag GP : L’œuvre (ou les œuvres) que vous préférez dans l’exposition ?

AD : Les autoportraits de Frida Kahlo, si dramatique et émouvante. Le mythique couple légendaire et révolutionnaire qu’elle jouait avec Diego Rivera et puis Remedios Varos, Alice Rahon et surtout « Le génie de l’Espèce » ; le petit Tableau Phare de Wolfgang Paalen si bouleversant quand on sait qu’il se suicida en se tirant une balle de pistolet dans la bouche dans le désert de New Mexico, vingt ans plus tard… Tableau prémonitoire.



Le Mag GP : Pour la Fête des Morts, vous chanterez au Grand Palais le 26 octobre*. Comment avez-vous vécu cette fête au Mexique ? 

AD : La fête des morts « Dia de los muertos », je l’ai fêtée avec vénération tous les ans pendant dix-huit ans ! J’ai croqué des crânes en sucres, suivi des pèlerinages, allumé le bois sacré, copal, « Alumbrada » apportant des offrandes sur les tombes.

Pour permettre aux morts un meilleur voyage, nous chantions des velorios incantatoires (des veillées), nous dansions autour des tombes pour la renaissance des âmes. L’une des plus belles nuits des morts que j’ai vécue, c’était sur l’ile du Lac de Patzcuaro. C’est là qu’en 1948, mon adorable Man’ha Garreau-Dombasle (la grand-mère maternelle d’Arielle Dombasle), a rencontré un tout jeune homme qui faisait du stop. Elle le prit dans sa voiture. Il s’agissait du tout jeune écrivain nord-américain Ray Bradburry, venu lui aussi le jour des Morts, découvrir les plus magiques rituels du pays - Noche de los muertos. Il s’en suivit une amitié de soixante ans ponctuée par une longue correspondance dont le climax était les lettres, rituel échangé le jour des morts. Il lui dédicacera son livre le « halloween tree » fête nord-américaine.



*Retrouvez Arielle Dombasle au Grand Palais le 26 octobre pour La Fête des Morts

Elle chantera pour cette occasion avec Nicolas Ker quelques titres de leur prochain album (dont la sortie est annoncée le 14 octobre) La Rivière Atlantique.

Un « concert rock black magic un fleuve qui nous mènera de l’Enfer au Paradis, La Rivière Atlantique ! Pour la Noche de los muertitos » (Arielle Dombasle)


Ecoutez un titre de l’album (I’m not here anymore, Arielle Dombasle et Nicolas Ker)

 

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