William Turner

William Turner

3 May 2012
Pour Turner, l'artiste pouvait atteindre l'immortalité par son art.


Charles West Cope (1811-1890), "J.M.W. Turner peignant à la Royal Academy", 1837. Huile sur carton, 15,9 x 13 cm. Collection de la National Portrait Gallery, Londres © Londres, National Portrait Gallery
Charles West Cope (1811-1890), "J.M.W. Turner peignant à la Royal Academy", 1837. Huile sur carton, 15,9 x 13 cm.

Collection de la National Portrait Gallery, Londres © Londres, National Portrait Gallery

Carte d'identité

Nom de naissance: Turner

Prénom : Joseph Mallord William

Nom d’artiste : J.M.W. Turner

Date de naissance : 1775, peut-être un 23 avril ?

Lieu de Naissance : Londres

Nationalité : Britannique

Professions : artiste peintre de paysages : il excelle dans les techniques de l’aquarelle et de la peinture à l’huile.

Côté famille : William Turner est né en Angleterre, à Londres, dans une famille modeste. Son père était barbier dans le quartier de Covent Garden.

Formation, premières expériences et la reconnaissance de ses pairs

À 14 ans, en 1789, Turner travaille comme assistant chez un architecte. Il y dessine. Il travaille également chez des graveurs comme coloriste. En décembre de cette même année, il décide de devenir artiste. Il est reçu, après trois mois à l'essai, à la Royal Academy of Arts, à Londres, pour étudier le dessin et l’aquarelle. Il suit et applique à la lettre les discours et conseils de Sir Josua Reynolds (1723-1792), portraitiste, peintre d'histoire et premier président de l'"Academy" qui dit : « Étudiez donc les œuvres des grands maîtres pour toujours. Étudiez-les d'aussi près que vous le pouvez, à la manière et selon les principes qui les ont eux-mêmes guidés. Étudiez la nature attentivement, mais toujours en compagnie des grands maîtres. Considérez-les à la fois en tant que des modèles à imiter et en tant que des rivaux à combattre. »

À 15 ans, en 1790, il présente ses premières aquarelles, à l’exposition annuelle de la Royal Academy of Arts.



Dès 17 ans, de 1792 à 1796, il voyage à travers le Pays-de-Galles et le Kent où il découvre, étudie et peint à l’aquarelle, sur le motif, les pittoresques paysages gallois et anglais. Entre temps, en 1793, il travaille chez un collectionneur, le Dr Thomas Monro, avec son camarade d'étude Thomas Girtin. Très formateur, tous deux copiaient les dessins de la collection, une sorte d'émulation réciproque.

À 21 ans,en 1796, il expose sa première peinture à l’huile, à la Royal Academy of Art : Fishermen at Sea (Pêcheurs en mer) À 22 ansen 1797 il peint Clair de lune, étude à Millbank.

À 24 ans, le 4 novembre 1799, il est élu comme membre associé de la Royal Academy of Arts, au plus jeune âge d'admission.

À 26 ans, en 1801, il présente une marine à la Royal Academy of Arts : Bateaux hollandais dans la   tempête: pêcheurs s'efforçant de remonter leurs poissons à bord. Ce tableau lui vaudra, le 10 février 1802, d'y être élu académicien.

1802 est une année de paix entre la France et la Grande-Bretagne. Turner visite la France et la Suisse. Pour la première fois, il visite Paris. Il se rend au Louvre où se tient le Salon. Il découvre aussi la collection du musée. Là, il voit les toiles de Nicolas Poussin (1594-1665).

À 27 ans, en 1803, à Londres, il construit sa propre galerie où il expose dès 1804 et y vend ses œuvres.

À 30 ans, à partir de 1805, il peint en plein air, à l'huile, sur la Tamise, dans un bateau atelier. Il réalise cette même année Le Déluge, une réponse au tableau de Poussin vu au Louvre en 1802, et, en particulier, au Déluge.

À 32 ans, de 1811 à 1837, il est professeur de perspective à la Royal Academy of Arts.

À 33 ans, en 1812, il peint Tempête de neige: Hannibal et son armée traversant les Alpes. Ce tableau combine son sens de l'observation des éléments naturels au récit historique.

À 34 ans,en 1814, il peint La Fondation de Carthage par Didon qu'il désigne comme son chef-d'œuvre. Chose étonnante : il exprima, dans son testament de 1829, le souhait d'être enterré enroulé dans cette toile! Mais, il revint sur sa décision. Finalement, il légua le tableau à la National Gallery de Londres. Il réalise aussi En traversant le ruisseau un autre chef-d'œuvre. Ces deux œuvres étaient, pour lui, dignes du travail du peintre français Claude Lorrain (1600-1682) qu'il admirait et qu'il essayait de surpasser.

À 36 ans,en 1817, il expose, à la Royal Academy of Arts, le pendant de La Fondation de Carthage par Didon : Le Déclin de l'Empire carthaginois.

À 42 ans, à partir de 1817, il voyage régulièrement sur le continent : en Belgique (à Waterloo), en Allemagne (en Rhénanie), aux Pays-Bas (à Amsterdam) où il étudia les œuvres de Rembrandt. Il passe son temps à «croquer» les paysages dans de petits carnets.

À 44 ans, en 1819, il part pour l'Italie. Il visite le pays du Nord au Sud (Milan, Venise, Florence, Rome, Naples, Sorrento, Paestum). Il y perfectionne l'art du traitement de lumière et de la couleur.

À 45 ans, en 1820, de retour à Londres, il rend hommage à Raphaël. Il peint Rome vue du Vatican, Raphaël accompagné de la Fornarina prépare ses tableaux pour la décoration de la loggia.

De 1820 à 1830, Turner peint des séries d'aquarelles qui servent d'étude à la Bataille de Trafalgar,  un de ses plus grands formats, et des aquarelles de Vues pittoresques de l'Angleterre et du pays de Galles pour la réalisation de gravures…

De 1827 à 1830, ce sont des années noires pour Turner. Il perd de nombreux proches : son ami et mécène, Walter Fawkes; son cher père, compagnon de travail à l'atelier; des amis peintres comme Sir Thomas Lawrence.

À 53 ans, en 1828, il retourne en Italie. Il y peint Regulus, inspiré, pour la forme, par le peintre français Claude Lorrain et, pour l'histoire, par le récit sordide du général romain Regulus (IIIe siècle avant J.-C.). Les carthaginois lui auraient fait subir un supplice horrible : le priver de ses paupières. En peignant cette toile, Turner s'imagina à la place de ce personnage, d'où cette lumière éblouissante qui émane du tableau. Il présenta cette peinture, parmi d'autres, dans une exposition romaine. Il ne déclencha pas les passions ! Après l'avoir retravaillé, neuf plus tard, il exposa à nouveau "Regulus" à la British Institution.

Pendant les années 1830,il poursuit ses voyages. Turner change et sa peinture change aussi. Elle prend des couleurs plus vives. Le jaune domine. Les représentations sont "plus floues", plus "atmosphériques".

En 1832, lors de l'exposition annuelle de la Royal Academy of Arts, Turner expose une marine (Helvœtluys). Elle est placée à côté du tableau de son rival, John Constable (1775-1837) : L'Inauguration du pont de Waterloo. Turner va jouer un coup de maître pendant le vernissage.

De 1841 à 1844 ,il passe ses étés en Suisse où il élabore de nombreuses aquarelles. Sa peinture devient lumière, couleur et énergie tourbillonnante.

En 1845,il peint Tempête de neige, une marine étonnante où les vagues déchaînées se confondent avec les tornades de neige, où le bateau n'est plus à voile mais à vapeur.

Cette même année, à l’âge de 70 ans, il prend temporairement la présidence de la Royal Academy of Arts. Après un dernier voyage dans le Nord de la France, il reste définitivement à Chelsea.

À 76 ans, le 19 décembre 1851, J.M.W. Turner s'éteint. Suivant ses propres vœux, sa tombe se situe près de celle de son premier mentor, Sir Joshua Reynolds, dans la cathédrale Saint-Paul, à Londres.

 

Caractère de son œuvre

Turner est essentiellement un peintre de paysages (paysages de la nature, paysages historiques, marines), le peintre de la lumière et de la couleur. Aquarelliste à ses débuts, un des aspects particuliers de sa peinture est d'avoir transposer les couleurs subtiles de l'aquarelle à la peinture à l'huile.

Tout au long de sa vie, il a observé les œuvres des autres artistes mais aussi la nature (la mer en particulier). Il s'est servi de son imagination pour créer des atmosphères propres à son art. Il s'est inspiré des maîtres anciens (Poussin, Lorrain, Rembrandt, Canaletto, Watteau …) et de ses contemporains (Reynolds, Gainsborough, Fuseli, de Loutherbourgh, Richard Wilson). Il a beaucoup voyagé. Il a rempli ses carnets de croquis de paysages peints sur le motif, de reproductions d'œuvres vues chez des collectionneurs ou lors de visites au Louvre, par exemple. De retour à l'atelier, son imagination, complétait ses observations et il donnait sa touche personnelle.

Turner s'inscrit dans le mouvement romantique. Les sujets de ses paysages historiques proviennent de l'histoire, de la littérature et de la poésie. Il leur donne une dimension humaine et dramatique.

L'aspect naturaliste, atmosphérique de sa peinture, surtout après 1830, où les formes sont suggérées par la couleur plutôt que par le trait, permet aux spécialistes d'inscrire J.M.W. Turner parmi les précurseurs de la peinture impressionniste.

Il laissa un œuvre de plus de 20 000 aquarelles, dessins, peintures, carnets de croquis et gravures.

Idée de l’« artiste » et de la peinture de paysage selon Turner:

L'artiste

Pour Turner, l'artiste pouvait atteindre l'immortalité par son art. Les œuvres des anciens maîtres ont traversé le temps et ont inspiré des générations d'artistes assurant, ainsi, leur postérité. Turner s'inspirait de nombreux œuvres de maîtres et y faisant référence dans ses toiles, une manière de montrer aussi qu'il faisait partie de cette communauté d'artistes. Il exprima cette pensée dans deux tableaux : Rome depuis le Vatican. Raphaël, accompagné de la Fornarina, prépare ses peintures pour la décoration des Loges, et Une étude de Watteau d'après les principes de Dufresnoy.

La peinture de paysage :

Pour Turner, la peinture de paysage n'est pas une reproduction fidèle de la réalité, il y a une part d'observation (les apparences) et une part d'imagination. Il dit : «… il est nécessaire de distinguer la vérité première de la vérité secondaire, à savoir l'idée plus vaste et libérale de la nature de ce qui est comparativement étroit et confiné ; à savoir ce qui s'adresse à l'imagination de ce qui s'adresse à l'œil…»

J.M.W. Turner (1775-1851) "Clair de lune à Millbank, une étude", 1805. Huile sur toile. Londres, Tate Britain. Photo © Tate, Londres, Dist. RMN-Grand Palais / Tate Photography
J.M.W. Turner (1775-1851) "Clair de lune à Millbank, une étude", 1805. Huile sur toile. Londres, Tate Britain. Photo © Tate, Londres, Dist. RMN-Grand Palais / Tate Photography

Les peintres préférés de Turner :

Nicolas Poussin (né près d'Andelys, 1594-décédé à Rome en 1665)

Claude Lorrain (né à Chamagne, vers 1600-décédé à Rome en 1682)

Claude Gellée, dit «Claude Lorrain» (1600-1682)

Rembrandt (né à Naples 1615-décédé à Rome en 1675).

Rembrandt Harmenszoon van Rijn (1606-1669), Le Moulin, 1645-1648 Huile sur toile, 87,6 x 105,6 cm. Washington, National Gallery of Art, Widener Collection, 1942. © Washington, National Gallery of Art.

Antoine Watteau (né à Valenciennes en 1684- décédé en 1721 à Nogent-sur-Marne)

Antoine Watteau (1684-1721), Les Deux Cousines, vers 1716. Huile sur toile, 31 x 36 cm. Paris, musée du Louvre © RMN

Ses amis et ses rivaux :

Ses amis

Clara Wells, une amie de longue date,

Thomas Girtin (1775-1802) aquarelliste,

Walter Fawkes (1769-1825) propriétaire terrien, collectionneur et client de Turner,

Georges Wyndham (1863-1913) politicien, troisième comte d'Egremont, collectionneur et client de Turner),

Sir Thomas Lawrence (1769-1830), peintre portraitiste et académicien,

Georges Jones (1786-1869), peintre.

Le roi français Louis-Philippe (1773-1850) qu'il connut à Twickenham.



Ses rivaux

Thomas Girtin (1775-1802), peintre, aquarelliste

Richard Parkes Bonington (1802-1828), peintre, paysagiste

John Constable (1776-1837), peintre





Pour en savoir plus :

Turner et moi : livre jeunesse

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