Jeff Koons et le petishism

Jeff Koons et le petishism

13 November 2012

Par Emmanuelle Héran, commissaire de l'exposition Beauté animale

Son caniche (en anglais Poodle) est un chef-d’œuvre ! Le toutou est dûment toiletté, pomponné, avec ses papattes taillées en boules et sa houppette sur le front retenue par un élastique ! S’il y a bien un maître de la dérision, c’est Jeff Koons. Il se moque ici du « petishism » de la société actuelle…
Le « petishism » est un mot-valise anglais, formé sur les mots « fetishism » et « pet » - « pet » désignant dans cette langue un animal de compagnie qui ne travaille pas pour l’homme, mais qui est là pour son seul plaisir.
Aux Etats-Unis, la population de « pets » a considérablement augmenté. Le « petishism » est dénoncé par toutes sortes d’associations et de lobbies, aux motifs que les Américains dépensent des sommes folles pour eux, que l’on confine ces animaux dans des appartements, alors qu’ils sont faits pour la vie en plein air, qu’au nom du maintien de la pureté des races, on crée des animaux vulnérables, etc.
Ce dernier argument me touche particulièrement, car j’ai découvert, en travaillant sur ce sujet, que cette notion de race était à l’origine de malformations ou de maladies : un boxer au nez trop écrasé respirera mal, un pékinois avec les yeux trop à fleur de tête sera sujet à des problèmes ophtalmiques, un basset trop allongé aura des désordres dorsaux, etc.
Pour en revenir à Jeff Koons, c’est un animal artificiel que l’artiste nous montre, un animal transformé par l’homme pour se conformer à des canons de beauté. Cette œuvre est tout sauf superficielle, elle nous renvoie à une forme d’absurdité.

Poodle

Jeff Koons, Caniche, 1991 © Musée Collection Berardo / Fondation d'art moderne et contemporain

Read also
Browse magazine