Aller à l'essentiel : le dernier grand format de Miró

Aller à l'essentiel : le dernier grand format de Miró

23 January 2019
Dans un format monumental, découvrez la dernière peinture d’histoire de Miró, le grand triptyque de "L’Espoir du condamné à mort".

En 1974, l’exécution par le régime franquiste de l’étudiant anarchiste catalan Salvador Puig Antich est à l’origine du dernier triptyque de Miró.  " Il y a des années, sur une grande toile, j’avais peint un trait, un petit trait blanc, sur un autre, un trait bleu. Et puis un jour, c’est venu… au moment où on a garrotté ce pauvre garçon, Puig Antich. Je sentais que c’était ça. J’ai terminé cette toile le jour où il a été tué. Sans savoir. "

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L’Espoir du condamné à mort I, II, III, 9 février 1974, Barcelone, Fundaci. Joan Miró © Didier Plowy pour la Rmn-Grand Palais (expo Miró, Paris 2018)

L’artiste, bouleversé, témoigne. Il exprime son désir de libérer encore l’esprit des hommes face à l’adversité. Il faut lutter et faire germer l’espoir. Dans son discours prononcé en octobre 1979, à l’université de Barcelone, intitulé La Responsabilité civile de l’artiste, Miró souligne l’une des fonctions premières de l’Art, au-delà des recherches plastiques et esthétiques. Il insiste : « Quand un artiste parle dans un contexte où la liberté est difficile, il doit transformer chacune de ses oeuvres en un refus des interdictions, en un affranchissement de toutes les oppressions, les préjugés et de toutes les fausses valeurs officielles. »

Sur des fonds blancs troublés par des giclures, des coulées, une ligne noire épaisse, qui évoque le profil d’un visage, se déploie sans jamais se refermer. De toile en toile, son évolution est remarquable de simplicité. Celle-ci se réduit à la mesure de la vie et de l’espoir du condamné. La tache colorée passe du rouge sang au bleu, de l’extérieur à l’intérieur de la ligne. Dans le dernier volet du triptyque, une grande coulée de peinture blanche apparaît au niveau de la tête, réduite à une simple ligne recourbée d’où émerge une tache jaune lumineuse. Lors de sa rétrospective en 1978, au Museo Español de Arte Contemporáneo à Madrid, Miró, qui contemple la triple scène, déclare : " Ce triptyque détermine un espace religieux, de méditation, de solitude, de silence. C’est une chapelle, aux deux sens du mot."

Venez admirer ce triptyque au Grand Palais jusqu'au 4 février 2019 et profitez des nocturnes les mercredis, vendredis et samedis jusque 22 h ! 

 

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