Toulouse-Lautrec, acteur de la vie parisienne
Toulouse-Lautrec, acteur de la vie parisienne
Véritable acteur de la vie parisienne, Toulouse-Lautrec fréquente les cabarets, les théâtres, les cafés. En effet, dans la capitale, la compétition est vive dans l’industrie des spectacles.
L’homme curieux et fasciné passe de la guinguette du Moulin de la Galette, situé rue Lepic, au Moulin Rouge, inauguré en 1889, place Blanche.
Là, se produisent la Goulue (1866-1929) mais aussi Jane Avril (1868-1943) et bientôt Yvette Guilbert (1865-1944). Il peut s’arrêter au Divan Japonais, rue des Martyrs ou au Chat Noir, boulevard Rochechouart, fondé en 1881 par Rodolphe Salis. Tout proche, s’élève le fameux cirque Fernando. Le peintre célèbre les atmosphères de ces lieux. Sous son pinceau, derrière les artifices, il traque les expressions du public et des acteurs. Ses cadrages surprenants révèlent la face cachée de toutes ces mises en scène, comme dans Au Moulin rouge, ci-contre.
Tout se tient et conforte en Lautrec le souci d’analyser les comportements humains là où ils dévoilent leur part d’animalité et d’excentricité. L’attrait du plaisir ne sourit pas seulement à l’hédonisme du peintre : la danse, les alcools et le sexe sont des révélateurs. Ils transcendent les classes sociales et assurent ainsi au peintre une matière et une dramaturgie nouvelles. Au vu des chefs-d’oeuvre des années 1889-1893, ceux qui imposent le monde inquiétant des bals publics, des cafés-concerts et des cabarets, la presse du temps parle de « comédie funèbre ». Faux : Lautrec ne stigmatise pas plus les enfants du peuple que les nantis. Hommes et femmes s’examinent, se jaugent, se cherchent et parfois se trouvent. Tout un théâtre d’attentes se déploie dans l’espace de tableaux concentrés sur leurs protagonistes. La couleur laisse vivre le dessin souverain et accuse le fantasque des lumières artificielles.