Prenez un dernier bain de soleil grâce à Paul Signac !
Prenez un dernier bain de soleil grâce à Paul Signac !
Explorant régulièrement les bords de mer et les ports de la côte méditerranéenne à bord de son yacht l’Olympia, Paul Signac (1863-1935) découvre Saint-Tropez en 1892. Très vite, il s’attache à ce petit village de pêcheurs et y achète une maison dont il fait rapidement son atelier.
Bientôt fréquenté par de nombreux peintres comme Derain ou Matisse, Saint-Tropez acquiert un début de notoriété. Les toiles que le site inspire, à l’instar de La Bouée rouge, Saint-Tropez (1895) (ci-contre), ainsi que la présence d’artistes contribuent en effet à faire connaître le petit port « pittoresque » qui, peu à peu, devient une étape mondaine.
Plus largement, de telles représentations participent à « l’invention de la Côte d’Azur » dans les imaginaires. Lieu authentique de détente, de couleurs, de soleil, d’inspiration et de vie artistiques, Saint-Tropez s’impose ainsi progressivement comme une destination à part entière dans des consciences récemment éveillées aux loisirs et au tourisme.
Avec La Bouée rouge, Saint-Tropez, Signac signe l’une de ses plus grandes toiles néo-impressionnistes. Théorisée par l’artiste lui-même, l’approche picturale se veut « scientifique », qui ne rend plus l’impression directe, spontanée et première, mais la recrée en atelier à partir d’études. Usant de la division des tons et du « mélange optique » de touches colorées (le mélange des couleurs se faisant uniquement par le regard du spectateur), la technique est ici déjà divisionniste et presque pointilliste.
En traduisant de la sorte l’espace et la lumière, l’artiste donne une représentation inédite et moderne d’un site « traditionnel », serein et paisible. À travers le décalage entre le motif banal et classique de la scène (un petit port où rien ne semble se passer et où rien ne semble devoir changer) et la manière dont il la traite, Signac revisite et réinvente Saint-Tropez.