Jeu des rois, roi des jeux

Le jeu de paume en France

From 3 octobre 2001 To 7 janvier 2002
Musée du château de Fontainebleau
Description


A l’occasion de l’exposition Jeu des rois, roi des jeux.
Le jeu de paume en France,
la salle de jeu de paume du château
de Fontainebleau a été restaurée. Elle accueillera,
en septembre et octobre 2001, trois compétitions de jeu de paume :
l’open national et les deux opens internationaux.

Le jeu de paume apparaît très tôt en France, où
il conquiert un large public. En 1395, le prévôt de Paris
constate que "les gens de métier et autres du petit peuple quittent
leur ouvrage pour aller jouer à la paume". Les moines aussi jouent
à la paume : au XVe siècle, le chevecier
du chapitre offre à l’évêque d’Orléans
une paire de battoirs et des esteufs neufs, c’est-à-dire des
raquettes et des balles de paume. Même les rois François
Ier, Henri II, Henri IV et Louis XIII s’illustrent comme d’excellents
joueurs. Mais, pour des raisons de santé, Louis XIV préfèrera
le billard à partir du milieu de son règne.

La galerie des Cerfs du château de Fontainebleau, ornée
de peintures murales montrant les résidences royales sous Henri
IV, permet de constater la place qu’y occupaient les salles de jeu
de paume.

Le jeu de paume fut un sport très largement répandu. D’abord
joué à la main (la paume), le jeu est bientôt pratiqué
avec une raquette. Au XVIe siècle, il devient tellement
célèbre que les dames emprisonnent leur chevelure dans des
filets l’évoquant : c’est la coiffure "à
la raquette". Mais surtout, il va être à l’origine d’une
architecture adaptée, celle des salles de jeu de paume. Si en effet
on joue d’abord en plein air, sans limites marquées, on construit
ensuite de grandes salles, que l’on prend peu à peu l’habitude
de couvrir. Dès lors, deux formes du jeu sont distinguées :
la longue paume en extérieur, la courte paume dans des terrains
enclos de murs. Les rois en dotent presque tous leurs châteaux et
Louis XIV accorde à un maître-paumier la construction d’une
nouvelle salle de paume à Versailles. A la fin du XVIe
siècle, on compte à Paris plus de 200 salles de jeu de paume,
en 1657, il y en a encore 114 ; à la veille de la Révolution
une douzaine subsistent encore. C’est en effet le début du
déclin du jeu et de la récupération des salles pour
d’autres activités. En 1643, Molière loue, pour y faire
une représentation théâtrale, le jeu de paume des
Métayers, installé près de la tour de Nesle ;
Corneille donne Nicomède dans une salle de jeu de paume,
Lulli y installe son Académie de Musique et, en 1672, y produit
devant le roi son opéra Cadmus et Hermione. Longtemps l’architecture
des théâtres français témoignera de l’emprise
du jeu de paume en conservant des salles rectangulaires au lieu des habituelles
salles semi-circulaires ; les comédiens y hériteront
du titre d’"enfants de la balle". Car le jeu de paume, c’est
d’abord un court. Les deux joueurs s’y affrontent de part et
d’autre d’un filet et utilisent les rebonds de la balle sur
les murs. Les salles, qui mesurent en moyenne 30 mètres sur 10,
abritent sur trois côtés des galeries, protégées
par un filet, d’où les spectateurs peuvent assister au jeu.
Au XIXe siècle, le jeu, beaucoup moins pratiqué
en France, trouve refuge en Angleterre où il inspire les jeux de
rackets, de squash et finalement de tennis.

La langue française conserve nombre d’expressions issues
du jeu de paume : le tripot, qui désigne d’abord
la salle de jeu de paume, vient du verbe triper qui signifie danser,
trépigner ; épater la galerie, qui se dit des
joueurs par rapport aux spectateurs abrités dans les galeries;
qui va à la chasse perd sa place ; tomber à pic ;
rester sur le carreau ; prendre la balle au bond…

Il n’existe aujourd’hui plus que trois salles de jeu de paume
en France : celle de Paris, rue Lauriston, celle de Mérignac,
près de Bordeaux, et celle de Fontainebleau. Cette dernière,
construite en 1601 et détruite un siècle plus tard par un
incendie, fut reconstruite en 1732 et réaménagée
en 1812. Elle accueille régulièrement aujourd’hui des
tournois de jeu de paume.

L’exposition se découpe en deux parties. La première
est consacrée à l’histoire du jeu et aux différentes
formes qu’il a empruntées, depuis la longue paume jusqu’au
volant, en passant par ses dérivés, la pelote basque et
le tennis. Des gravures, des dessins, des peintures mais aussi plusieurs
objets relatifs au jeu de paume -dont une raquette exceptionnelle, datée
vers 1700, quand la plupart de celles qui ont susbisté datent des
années 1830-1850- illustrent cette histoire du jeu. La seconde
partie s’attache à la construction et à l’architecture
des salles que le jeu suscita, à Paris et à la cour de France
essentiellement. De nombreuses représentations des salles de paume
au long des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles
permettent d’en suivre l’évolution.

En
partenariat média avec Le
Figaro Scope