L'Art russe dans la sup>e moitié du XIXe s.

En quête d'identité

From 20 septembre 2005 To 8 janvier 2006
Musée d’Orsay
Description


Coproduite par le musée d'Orsay et la Réunion des musées
nationaux, cette exposition a été organisée grâce
au soutien de Gazprom et de Gaz de France.

Partenaires média :
Paris
Première, France-Culture.

Cette exposition pluridisciplinaire (peinture, sculpture, arts décoratifs,
arts graphiques, architecture et photographie) est la première consacrée
en France à l'art russe de la deuxième moitié du XIXe
siècle et du début du XXe siècle, jusqu'à la
fin du régime tsariste en 1917. Si les avant-gardes russes du début
du XXe siècle, mieux connues, ont fait l'objet d'expositions remarquables
(Paris-Moscou, Musée national d'art moderne - Centre Georges Pompidou,
1979, L'Avant-Garde russe 1905-1925, Nantes, musée des Beaux-Arts,
1993), cette période est en revanche largement inconnue en France
et de nombreuses œuvres seront ici exposées pour la première
fois, grâce à des prêts exceptionnels, particulièrement
de la Galerie Tretiakov de Moscou, du musée-réserve d'Etat
de Smolensk et du musée d'Etat Lev Tolstoï de Moscou.



L'exposition - qui n'a pas pour objet la présentation d'un panorama
exhaustif de la production artistique en Russie dans la deuxième
moitié du XIXe siècle - met en perspective l'élaboration
d'un art proprement russe. L'espace, le milieu naturel, "la terre russe" y
ont leur place, comme en témoignent les magnifiques paysages de Kouindji,
de Lévitan ou de Nesterov. Dans une perspective plus large, le retour
aux sources nationales, entre mythe, histoire et art populaire est exploré dans
toute sa diversité, éclairant la relation entre l'évolution
des arts et la prise de conscience d'une identité russe.



Dans la seconde moitié du XIXe siècle, certains artistes se
détournent - totalement ou partiellement - des modèles et
des répertoires occidentaux, enseignés dans les académies
de Saint-Pétersbourg et de Moscou, pour définir un art et
un style nationaux. Ce mouvement s'exprime dans la relecture des sources
nationales, historiques ou mythiques, des arts populaires, de la littérature
et des contes slaves, mais aussi dans la considération de la réalité sociale
et politique contemporaine. En 1863, un groupe de jeunes artistes refuse
de concourir à l'Académie selon les sujets imposés
: ils veulent des sujets russes contemporains. Cette "révolte
des quatorze", cette scission (qui est un des points de départ
historiques de la formation du groupe des Ambulants) ouvre la voie à un
réalisme nouveau libéré du pittoresque sentimental
et misérabiliste ; il progresse en dépit de la censure : Répine,
Kramskoï, Savistski, Iarochtchenko traitent ainsi de la réalité sociale
et politique de la Russie tsariste.


Les photographes russes vont, dès le milieu des années 1860,
affirmer, comme les peintres, les sculpteurs et les architectes, leur attachement
aux rites et coutumes de la Russie ancienne. Le mode de vie des campagnes
a peu évolué depuis le XVIIe siècle et les reportages
photographiques commandés par l'administration tsariste ou entrepris
par les photographes eux-mêmes dès le début des années
1860 permettent de fixer sur la pellicule un peu de l'âme russe. Les
sujets issus de la Russie traditionnelle - travaux des champs, petits métiers
artisanaux - permettent aux photographes de souligner leur parti pris pictural.



Cette quête d'identité trouve son apogée dans le style
russe et néo-russe qui touche, de 1880 à 1910, l'ensemble
des disciplines artistiques. Les dernières années du XIXème
siècle voient le recensement systématique du patrimoine populaire
et la redécouverte de l'art de l'ancienne Russie.



La section consacrée au mouvement néo-russe est l'un des moments
forts de l'exposition. Architectes (Ropet), peintres (Vasnetsov, Roerich),
dessinateurs (Bilibine, Polenova), sculpteurs (Konenkov), décorateurs
(Malioutine, Vachkov) participent avec verve à ces réalisations.
Le mouvement puise son inspiration aux sources populaires et constitue la
voie la plus explicite du lien entre les arts et la conscience nationale.


En rupture avec la fascination ou le rejet exercé depuis le XVIIème
siècle par l'occidentalisation, la Russie de la fin du XIXème
siècle redécouvre en effet dans l'art populaire une source
de renouvellement artistique qui joue par ailleurs un rôle déterminant
dans l'émergence du "Style moderne", l'Art nouveau russe.
Le néo-russe s'est exprimé en particulier dans deux centres
de créations principaux : Abramtsevo, près de Moscou, sous
l'impulsion de l'industriel et mécène Savva Mamontov, et Talachkino,
près de Smolensk, à l'initiative de la princesse Maria Ténichéva.
Ces colonies d'artistes réunissent des talents variés, tel
Mikhaïl Vroubel, figure pluridisciplinaire majeure en Russie au XIXe
siècle, mais également Répine, Vasnetsov, Nesterov,
Polenova, Malioutine. Parallèlement, la création de la revue
Mir Iskousstva (Le Monde de l'Art) ainsi que les expositions organisées
par celle-ci jouèrent un rôle important, développé dans
une section consacrée aux arts graphiques.

Cette inspiration se prolonge au cours des années 1905-1910 dans
le mouvement néo-primitiviste, aussi bien en peinture (Gontcharova,
Larionov, Malevitch) que dans les recherches sur la taille directe du bois
en sculpture (Goloubkina, Konenkov). Ces artistes assurent et revendiquent
la fécondité, dans la genèse des mouvements d'avant-garde,
de l'héritage de la Russie ancienne et moderne.