Rencontre avec le réalisteur du film, Christophe Fonseca.
« Ma rencontre avec Amadeo de Souza-Cardoso s’est traduite par une succession de sentiments… Un mélange d’émerveillement, de sidération et de fascination aussi.
La sidération, devant l’œuvre fulgurante d’un artiste de cette envergure. Amadeo était un créateur brillant qui fut considéré à son époque comme un artiste des plus prometteurs de sa génération. C’est certainement ce qui a été le principal « moteur » de ce documentaire, l’envie de faire partager cette incroyable découverte. Cela paraît tellement improbable de pouvoir encore aujourd’hui découvrir un artiste de cette ampleur, Il me semble que c’est inédit, du moins je ne connais pas d’autre exemple d’une telle découverte au XXe siècle ! C’est finalement une chance pour le public d’aujourd’hui que j’encourage à venir découvrir l’excellente exposition du Grand Palais consacrée à Amadeo de Souza-Cardoso, le « secret le mieux gardé de l’art moderne » comme le surnomme l’historien d’art américain Robert Loescher.
La fascination aussi pour ce personnage et son histoire. Il était un bel homme, fortuné, visionnaire, cultivé, peintre génial au style unique et au talent précoce ; Amadeo avait un destin d’envergure entre les mains. Mais un destin qui s'arrêta brutalement en 1918. Un point final à son existence et à sa carrière alors qu’il venait de connaître l’une de ses périodes les plus fécondes. Ce sont des dizaines de tableaux remarquables qui ne seront alors jamais véritablement dévoilés. C’est une question qui m’a hanté tout au long du documentaire : quelles réactions auraient provoqués ces derniers tableaux s’ils avaient finalement pu être exposés comme cela était prévu à New York ? »
Le Grand Palais : Les peintures d’Amadeo sont une déclaration d’amour pour le Portugal et pour Manhufe, ses montagnes grandioses…
« Amadeo partage sa vie entre le Portugal et la France. D’un côté le Paris cosmopolite, centre des avant-gardes et de l’autre son petit village du Nord du Portugal, deux univers qui nourrissent fortement son œuvre.
Une part importante de sa singularité vient certainement du fait qu’il aime profondément sa terre natale, d’où il puise une grande partie de son inspiration. Les paysages, l’imaginaire tout comme les scènes de vie de sa région d’origine imprègnent son univers créatif. Nous avons eu la chance de pouvoir tourner dans cette région splendide et de prendre conscience de l’inspiration que peuvent susciter les environs…
Tout dabord à Amarante, une ville perchée sur une colline surplombant la rivière de Tamega, un affluent du Douro. Le Douro, une région voisine célèbre pour son vignoble classé patrimoine mondial par l’UNESCO. Ainsi qu’à Manhufe, un petit village des environs où l’on peut encore découvrir intacte la belle demeure des De Souza-Cardoso. À l'intérieur de la maison, depuis la fenêtre de sa chambre ou encore son atelier, on peut encore identifier certains paysages que l’on retrouve dans ses tableaux. »
Le GP : La toile que vous installeriez volontiers chez vous ?
« Hier j’aurai répondu « Coty », aujourd’hui « Le saut du lapin », demain certainement une autre toile… »
