André Breton et la révolution surréaliste en Haïti

19 janvier 2015
L'engouement français pour l'art haïtien à la fin des années 1940 est pour beaucoup lié à la visite du pays par André Breton, qui en ramène, fasciné, de nombreuses œuvres et impressions.

Hector Hyppolite, Le Baiser, 1946-1948, © Ralph Torres

Réfugié aux Etats-Unis durant le second conflit mondial, le père du surréalisme est en décembre 1945 happé par l'île caribéenne. Un lieu où pour lui, poète des arts premiers et du rêve "tout ce qui arrive au jour est fallacieux ; à la transparence des bulles à la surface d'un étang. Le véritable ressort d'un pays est dans le tambour vaudou, qui mêle le sentiment d'une détresse sans limite d'une espérance forcenée."



En Haïti, Breton rencontre des intellectuels, initiateurs de sa venue, marquée par une série de conférences et d'entretiens accordés à la presse d'opposition. L'occasion pour lui d'affirmer son engagement, politiquement et artistiquement révolutionnaire, mais aussi de railler, en ces temps où les frontières géographiques comme artistiques sont redessinées, l'isolement et le déni dont est victime le surréalisme. Véritables tribunes contestataires au retentissement majeur, ses prises de parole ont pour effet d'attiser la colère latente et bouillonnante de la population à l'encontre de leur dictateur.



En janvier 1946, éclate une révolution qui ne s'éteindra qu'en août, après des mois d'anarchie. Témoin de ce contexte de fébrilité sociale, Breton se fait aussi observateur de l'effervescence artistique de l'île. Parmi la création nationale, qu'il envisage dans son ensemble comme une forme de surréalisme, il prête une attention particulière au Centre d'Art Haïtien et à l'oeuvre d'Hector Hyppolite, "pure de tout alliage, sonnant comme un métal vierge". Un artiste figurant parmi ceux retenus par Breton et Jean Dubuffet, pour figurer, en 1948, dans leur Almanach de l'Art Brut ; un projet qu'ils ne publieront jamais.

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