Beauté animale et Humour

8 août 2012

Par Emmanuelle Héran, commissaire de l'exposition Beauté Animale

Il fallait une dimension humoristique à l'exposition, car beaucoup d’artistes ont aimé les animaux pour leur côté décalé, étrange, insolite. Leur humour est souvent mêlé d'étonnement.
Le Tigre royal de Delacroix par exemple n’a rien de royal : l’animal est tapi, tellement tapi qu’il ressemble à une descente de lit – sans jeu de mots ! Il a indéniablement quelque chose de comique, et pourtant Delacroix a admiré plus que tout autre artiste ce magnifique animal et a su capter cette attitude.

Il m’a semblé intéressant de rappeler aux visiteurs que, si aujourd’hui chacun a vu un éléphant, un rhinocéros, une girafe, tel n’était pas le cas autrefois. A la Renaissance, les Européens ont découvert les animaux exotiques. Les Romains en importaient beaucoup, notamment pour les jeux du cirque, mais au Moyen Âge, ce n’était plus le cas. On avait perdu la mémoire des grands mammifères d’Afrique et d’Asie. Imaginez la surprise de ceux qui ont vu à Rome, en 1514, l’éléphant du pape Léon X ! L’étonnement de ceux qui ont découvert Clara, ce rhinocéros qui a fait le tour de l’Europe au milieu du XVIIIe siècle ! L’émerveillement des Français quand ils ont vu pour la première fois une girafe en 1827 !

C’est cette fraîcheur, cette virginité du regard que l’exposition essaie de restituer. Dans le regard des artistes, l’humour s’introduit surtout dans la représentation des animaux familiers, comme les moutons bouclés d’Henry Moore, dessinés au style à bille, dont la laine semble déjà tricotée.

 

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