Bill Viola fait son cinéma

27 mai 2014
Entre l'art vidéo et le cinéma, il n'y a parfois pas beaucoup plus qu'un pas. Et si les films de Bill Viola pouvaient aussi se lire comme un cinéma expérimental...

Bill Viola, Going Forth By Day (détail), 2002, « First Light » (panneau 5), installation vidéo sonore, cycle de cinq projections, 36 minutes, performers : Weba Garretson, John Hay, Collection Pinault, Photo Kira Perov





De manière très formelle, on pourrait limiter la contribution artistique de Bill Viola à « l'art vidéo ». Mais qu'est-ce que la vidéo, si ce n'est une technique, un support formel, utilisé dans de nombreux domaines artistiques ? Les films de Bill Viola peuvent se lire comme un cinéma expérimental, pas si lointain de celui que l’on peut voir dans les salles obscures. C’est d’autant plus vrai à l’heure du numérique, où de plus en plus de films ne passent plus par l’étape du 35 mm : la technologie utilisée par Bill Viola, de même que sa culture, poussent le cinéma à élargir ses limites, et inclure dans sa définition ce qu’on n’appelait qu’art vidéo.



En prenant ses distances avec une définition institutionnelle, pour se concentrer sur une définition artistique, voire même poétique, du médium, les vidéos de Bill Viola explorent un chemin déjà fort des traces d’Andy Warhol, Kenneth Anger ou Stan Brakhage. On retrouve chez l’artiste le surréalisme de Georges Méliès : son jeu sur le temps, les ellipses ou les renaissances, et le lyrisme et la poésie d’un Guy Maddin, deux auteurs dont on ne remet pas en cause la qualité de cinéaste.



Son travail transcende l'art vidéo, pour laisser doucement une trace dans le cinéma, qui n'est que l'art d'organiser un flux audiovisuel dans le temps. On pourrait même soutenir que l'art vidéo tel que le pratique Bill Viola est l'art cinématographique pur, face au divertissement que les films de cinéma sont souvent. Si l'on considère que le cinéma n'est qu'une théorie mouvante, ses possibilités sont élargies d'autant par la présence de Bill Viola dans son cadre.


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