Bonjour Cinéma ! Fernand Léger, la peinture et le cinéma : un triangle amoureux...

11 août 2022
... dont l’histoire est à découvrir à Biot jusqu’au 19 septembre.

La fascination de Fernand Léger pour le Septième Art n’a eu de cesse de nourrir sa curiosité... et la nôtre !

La rencontre de Fernand Léger avec le cinéma a lieu en 1916 en découvrant Charlie Chaplin sur grand écran.  Nous vous renvoyons ici à l’article "Fernand Léger fait son cinéma"

Le cinéma par sa nouveauté et le travail sur l’image qu’il implique devient une source inépuisable de questionnements et d’expérimentations. Cet art nouveau rebat les cartes en effet de la mimêsis (terme tiré de la Poétique d'Aristote qui définit l'œuvre d'art comme une imitation du monde), et oblige à « mettre en mouvement la peinture ». Le cubisme et le futurisme, mouvements auxquels participe Fernand léger, par leur volonté de représenter des objets du monde moderne de manière fragmentée, voire kaléidoscopique, cherchent à remplir ce contrat esthétique nouveau !

L’exposition retrace de salle en salle la relation bel et bien amoureuse que le peintre a tissée avec le cinéma.

Le parcours cinématographique de Fernand Léger est rythmé par des films devenus iconiques. Dans les coulisses ou derrière la caméra, voire devant, il y participe d'une façon ou d'une autre. Créateur d’affiches, de costumes, théoricien, réalisateur, producteur, ou même acteur, il recherche sur les plateaux de tournage les outils nécessaires à ses propres créations picturales, toutes guidées par la représentation du mouvement.

L’oeil du peintre et la caméra du réalisateur fusionnent pour développer une véritable pensée cinématographique et donner vie à une oeuvre foisonnante, éclectique et novatrice. Son amitié avec Jean Epstein illustre cette émulation réciproque entre les deux artistes : Bonjour Cinéma de Epstein a été influencé par les livres illustrés de Léger et Cendrars, et réciproquement, la scène tournoyante de la fête foraine dans Coeur fidèle a inspiré Ballet mécanique, le chef d'œuvre de Léger.

  • Dès 1922, dans La Roue d’Abel Gance en 1922, il retient les effets plastiques du gros plan.
  • Dans L’inhumaine de Marcel L’herbier, c’est lui qui imagine les décors mobiles pour donner vie à la machine moderne du laboratoire dans lequel se déroule l'intrigue.
  • Son film Ballet mécanique réalisé en collaboration avec Dudley Murphy et George Antheil refuse toute narration pour ne s’intéresser qu’aux objets qu’il fragmente ; le cinéma sous sa caméra prend des allures dadaïstes ! Léger bouleverse notre perception du réel pour inventer « un nouveau réalisme ». Tout est dit en une phrase : « Aucun scénario - des réactions d’images rythmées, c’est tout. » (Fernand Léger)
  • Dans les années 1930, il crée des costumes futuristes "à la Fritz Lang" - dans l'esprit de Métropolis - pour le film de science-fiction Things to come d’Alexander Korda ; un projet qui ne verra pas le jour mais dont les croquis et les maquettes de la main de Fernand Léger retracent la genèse.
  • Lors de son exil aux États-Unis, il participe à l’aventure collective d’un film à l’esthétique surréaliste composé de plusieurs séquences filmiques oniriques : Dreams that money can buy. Avec Hans Richter, il tourne un court-métrage, correspondant à la narration du second rêve, The girl with the Prefabricated heart. Il utilise l’animation en stop motion pour donner vie aux membres des mannequins d'une vitrine. Il y glisse un clin d’œil intertextuel à son propre tableau, Julie la belle cycliste, dont on retrouve à l'écran la bicyclette, preuve que le peintre n’est jamais très loin du cinéaste !

La rétrospective montre comment chacune de ses confrontations avec le cinéma inspire à Fernand léger, un élan nouveau pour mieux revenir à la peinture.

Peinture et cinéma dialoguent donc sans cesse dans la carrière de Fernand Léger ; la porosité entre les deux arts est le sujet de cette belle exposition, inédite, qui retrace l’odyssée artistique d’un artiste prolixe, toujours en avance sur son temps…   

L'exposition Léger et le cinéma est organisée par les musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes et La Réunion des musées nationaux - Grand Palais



Les expositions de Biot et de Belfort partagent un catalogue scientifique commun, publié par les éditions de la Réunion des musées nationaux - Grand Palais.

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