Carambolages : les secrets des oeuvres – Cet homme est-il vraiment de mauvaise humeur ?

20 mai 2016
L'exposition Carambolages rassemble 185 œuvres plus variées et originales les unes que les autres. Pour vous aider à les découvrir, le Grand Palais vous propose d'en mettre quelques unes en lumière tout au long de l'exposition.

Carambolages : les secrets des oeuvres - Cet homme est-il vraiment de mauvaise humeur ?


Tête de caractère – L’Homme de mauvaise humeur, 1750-1800, plomb, H. 38,7 ; L. 23; P. 23 cm, Paris, musée du Louvre, département des Sculptures, inv. RF4724

Cette pièce fait partie d’un ensemble de soixante-neuf « têtes de caractère », réalisées par Messerschmidt à partir de 1774, lorsque ce dernier, après une carrière de sculpteur au service de la noblesse autrichienne, se voit refuser le poste de professeur de sculpture de l’Académie royale de Vienne, après la mort de son ami Jakob Landstrasse. Alors atteint de troubles mentaux selon les autres professeurs, il souffre de douleurs au bas-ventre et aux cuisses, et se pince alors devant un miroir pour retrouver ses sensations: c’est ainsi qu’il parvient à explorer ses propres expressions, d’abord douloureuses, puis plus communes par la suite, lorsqu’il finit par quitter Vienne pour sa région natale, où il achète une petite maison qui lui permet de continuer sa production d’autoportraits grimaçants, tout en soignant ses maux. Réalisée dans un probable but thérapeutique, mais également dans la continuité des travaux sur la physiognomonie de Johann Kaspar Lavater qui connaissent alors un grand succès chez les artistes, Messerschmidt a gardé cette production secrète jusqu’à la fin de sa vie, date à laquelle son frère en hérite et en vend une partie à un boulanger, avant que l’ensemble ne soit définitivement dispersé.



Véritable révolution dans la représentation de la figure humaine, en totale rupture avec ses immédiats prédécesseurs, Messerschmidt n’est pas seulement virtuose par le réalisme dont il fait preuve: bien que l’on connaisse des études des passions humaines qui soient antérieures, comme les dessins de Charles Le Brun, c’est le rapport au représenté qui évolue ici, en donnant à voir, au-delà des traits, l’émotion et la grimace dans une sorte de grotesque monstrueux. C’est une représentation sans précédent du visage humain dans toute sa réalité, alors affranchie de l’idéalisme hérité de la Renaissance.


Retrouvez toutes les notices des œuvres 

de Carambolages dans le catalogue de l'exposition



 

 

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