Carnet de Voyage : Deuxième escale, l'Italie

17 juillet 2014
C’est l’été ! Alors durant tout le mois de juillet, le Grand Palais vous emmène en voyage à travers l’art. Au programme : L’Europe, l’Orient, l’Océanie et enfin, l’Amérique pour clôturer ce tour du monde artistique !

Eh oui, les artistes aussi partent en vacances : quête artistique, recherche d’un ailleurs, traditionnel voyage en Italie, fascination pour l’Orient… Le lien entre les artistes et le voyage est très fort et commun à toute époque. Chaque semaine, découvrez une nouvelle destination. Etape essentielle dans le parcours de chaque artiste, impossible pour le Carnet de Voyage du Grand Palais de faire ce tour du monde sans s’arrêter en Italie.


Les Cascatelles de Tivoli par Jean-Honoré Fragonard © RMN-Grand Palais / Hervé Lewandowski

Le Grand Tour, vous connaissez ? Non, ça n’a rien à voir avec le Tour de France, ici on ne parle pas de cyclistes mais d’artistes. Le Grand Tour est le voyage initiatique indispensable aux artistes et aux membres de l’élite intellectuelle du XVIIIe siècle. Rome, Venise, Florence… Le voyage en Italie s'est toujours imposé aux artistes comme une étape essentielle pour voir, copier et assimiler les trésors artistiques italiens. Ce voyage de formation est indissociable d’évolutions esthétiques importantes. Les artistes affluaient de partout pour voir ce pays symbole à la fois d’une puissance antique perdue et d’un renouveau artistique très fort. 



Grâce à Colbert, l'Académie de France à Rome voit le jour en 1666, c’est la naissance d’une coutume : le voyage artistique vers cette capitale italienne. D'importantes colonies d'artistes s’y rassemblaient depuis le XVIe siècle afin de bénéficier d’une riche clientèle mais surtout pour s’inspirer assidûment des maîtres de la Renaissance et de l'Antiquité.



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Jeune fille tenant une couronne de laurier, nymphe de la suite d'Apollon par Rosalba Giovanna Carriera © RMN-Grand Palais / Gérard Blot
Chaque artiste en route vers l’Italie avait en tête les portraits de Rosalba Carriera (ci-contre Jeune fille tenant une couronne de laurier, nymphe de la suite d'Apollon), les vues de Venise par Canaletto ou les chefs d’œuvre des plus grands à l’instar du Titien, de Léonard de Vinci ou de Michel-Ange.

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L’Italie à cette époque, c’est aussi un regain d’intérêt pour les monuments des cités ensevelies d’Herculanum et de Pompéi. Cette redécouverte du patrimoine antique conduit à un courant nouveau : le néoclassicisme. Réinterprétation d’une esthétique passée, ce mouvement regroupe des artistes à la fois fascinés par les représentations de l’antique mais bien soucieux de les dépasser. Temples en ruine et sujets mythologiques prennent vie dans les œuvres de ces artistes du XVIIIe siècle.

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Le Serment des Horaces par Jacques-Louis David © RMN-Grand Palais / Gérard Blot / Christian Jean
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Le peintre immédiatement associé au néoclassicisme, c’est Jacques-Louis David. Il obtient le prix de Rome en 1774 et part étudier cinq ans à la villa Médicis. Le peintre signe le manifeste de ce mouvement néoclassique avec sa première commande dès son retour à Paris, Le Serment des Horaces (voir ci-contre). Sur ce tableau, on voit les frères Horaces, héros de Rome, prêter serment à leur père et lui promettre de protéger la ville. Cette œuvre servira de modèle au style néoclassique dans toute l'Europe.
 
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Oedipe explique l'énigme du Sphinx par Jean-Auguste-Dominique Ingres © RMN-Grand Palais / Stéphane Maréchalle

Ingres, le plus célèbre des élèves de David, fait lui-même deux voyages en Italie. Après un premier échec au concours du Prix de Rome, il est reçu l’année suivante en 1801. Nombreux sont les tableaux du peintre, à l’instar de l’Apothéose d’Homère ou d’Œdipe et le Sphinx (voir ci-contre), qui témoignent de cette influence de l’antiquité gréco-romaine. Sa seconde période italienne aura lieu dans les années 1830, en tant que directeur de l’académie de France à Rome.



Au-delà de la peinture, l’impact de ce retour vers le classicisme, touchera de nombreux autres supports comme les arts décoratifs avec la réappropriation de l’art des grotesques (décorations qui couvraient les murs des maisons dans l’Antiquité) dans les châteaux et pavillons français, ou l’architecture, qui se veut monumentale et remet à l’ordre du jour les colonnes à l'antique.

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Cette escale obligatoire que représentait l’Italie au XVIIIe siècle et plus tard au XIXe avec Degas, Bonnat ou Moreau, a marqué l’histoire du goût.

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Ruines romaines avec le Colisée par Hubert Robert © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado

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Il nous reste de ces voyages vers l’Italie, de nombreuses traces ou plutôt chefs d’œuvre comme les vues de la villa d’Este à Tivoli par Fragonard (voir plus haut Les Cascatelles de Tivoli), les fameuses scènes de l’éruption du Vésuve par Volaire ou encore les ruines fantasmées d’Hubert Robert (Ruines romaines avec le Colisée ci-contre)…

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Cette fascination pour des terres qui ont vu fleurir la civilisation romaine et s'épanouir la Renaissance a été durant des siècles, et reste toujours certainement, une obsession pour tous les artistes.

 





Si vous souhaitez poursuivre le voyage…

A Venise 

A Rome 

Au Vatican

Avec Ingres 

En savoir plus sur le Néo-Classicisme

 

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