C’est du Picasso !
Ce style « cubo-surréaliste » est à la fois le plus célèbre, tant il surprend par les différents types de déformation qu’il fait subir à la figure, et peut-être le plus complexe. Le développement du surréalisme depuis le milieu des années 1920 a encouragé Pablo Picasso à explorer les possibilités offertes par la notion de métamorphose, des excroissances et protubérances des Têtes de Boisgeloup à la figure chimérique du Minotaure. Picasso réintroduit au milieu des années 1930 le principe cubiste d’une coexistence des plans, provoquant une réorganisation bouleversante des visages.
De plus, il fait passer la matière d’un règne à l’autre : la chair se fait pierre, os, prend des teintes vives et acidulées. Ces femmes dont la substance s’échappe de plus en plus portent pourtant d’absurdes chapeaux. Une synthèse stylistique qui fait le choix expressif, pour ces portraits féminins, de la déformation et du grotesque, en réponse peut-être aux violents discours et aux bruits de bottes qui ne cessent alors de s’amplifier en Europe. Au début des années 1960, Picasso reviendra au portrait féminin en série, reproductible cette fois grâce à la technique de la linogravure, et aux couleurs vives, selon une version toute picassienne du pop art.