Comme un petit air de vacances...

20 juin 2013
La Nature, cette généreuse pourvoyeuse de motifs et de couleurs

Paul Cézanne, Le Golfe de Marseille vu de l'Estaque, 1878-1879, huile sur toile, 58 x 72 cm, Paris, Musée d'Orsay, © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Thierry Le Mage




Persuadé qu'il n'aimerait pas le soleil écrasant du Midi, Monet se laissa néanmoins convaincre par son ami Renoir de l'accompagner dans le Sud, sur la côte méditerranéenne. Le second espérait y trouver de nouveaux motifs, une autre lumière à faire jouer sur la toile; le premier y découvrit une nature luxuriante et, à son grand étonnement, se laissa séduire par cette végétation généreuse et exotique. Tous deux revivifièrent l'impressionnisme de la décennie précédente, en laissant s'épanouir une palette chaude et transparente, une lumière dorée qui contrastait avec celle d'Ile-de-France et de Normandie. C'est à Bordighera que Monet reviendra se confronter à la flore exubérante, tandis que Renoir choisira de s'installer à Cagnes-sur-mer, ignorant la grande bleue pour se consacrer à la douceur pastorale des champs et des jardins d'oliviers.



Van Gogh ressent lui aussi le besoin de se confronter à la nature. Comment résister à l'or des tournesols, aux violets bleutés des iris? La couleur se fait sensuelle, tourmentée aussi, sans doute, mais toujours luxueuse dans sa tumultueuse beauté. Rien de tout cela chez le peintre d'Aix, qui revendique la référence à Poussin, grand ordonnateur du paysage classique nourri de références à la campagne romaine. Cézanne, lui, se mesure à une nature plus sévère, faite de pins torturés et de rochers accidentés. La montagne Sainte-Victoire devient un motif d'élection, que le peintre reprend inlassablement. En 1870, son séjour à l'Estaque lui avait déjà ouvert la voie vers une simplification des volumes et un allègement de la touche, que résument bien Le Golfe de Marseille vue de L'Estaque et sa vaste étendue de bleu symbolisant la mer. 



La mer, ce motif si difficile avec sa transparence et sa profondeur, ses couleurs changeantes et insaisissables, ses miroitements aveuglants, effraie autant qu'elle fascine. Les Fauves – Matisse, Derain, Marquet – en préfèrent les rivages envahis de bateaux à quais et de marins, ou bien encore vue d'une fenêtre ouverte, avec le moutonnement des voiliers. Signac et ses émules, Cross et Van Rysselberghe, l'appréhendent plus directement. Adeptes de la navigation, ils multiplient les marines et les vues portuaires depuis leurs propres bateaux, auxquelles la lumière du soir apporte souvent une poésie supplémentaire. Des années plus tard, en 1966, Dali en donne une version virtuose avec La Pêche au thon, souvenir d'étés à Port Lligat.

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