Élisabeth Louise Vigée le Brun- un parcours de l'exposition
L’IMAGE DE L’ARTISTE
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Voici l’un des plus célèbres autoportraits d’Élisabeth. C’est l’artiste elle-même qui se peint en utilisant un miroir placé sur le côté.
Elle se représente dans un cadre très sobre. Sa tenue est simple, ainsi l’œil du spectateur est attiré par la palette de peinture et les pinceaux : les attributs de l'artiste-peintre. Si tu regardes attentivement, tu verras qu’elle est en train de peindre un portrait : il s’agit de celui de la reine Marie-Antoinette. Elle lui reste fidèle tout au long de sa vie. |
SES PROCHES
►Louis Vigée, le père de Élisabeth Louise, est né à Paris. C’est un peintre pastelliste membre de l’Académie de Saint-Luc.
Très tôt, Il repère les talents de sa fille pour la peinture. Un jour, il lui dit : « tu seras peintre, mon enfant, ou jamais il n’en sera ».
►Jeanne Maissin, sa mère, est née dans un petit village des Ardennes. Très vite, elle quitte sa famille pour venir s’installer à Paris comme coiffeuse et connaît un grand succès.
Elle épouse, le 20 juillet 1750, Louis Vigée. Ils auront deux enfants : Élisabeth Louise et Étienne.
Le portrait (ci-contre) de sa mère, Jeanne Maissin, est le premier portrait dit “officiel“ de la jeune Élisabeth Louise qui a alors 20 ans. Il révèle déjà le grand talent de la jeune peintre. Elle sait reproduire les contrastes des tissus et capter la beauté du modèle alors qu'elle n'a pas encore suivi de cours académique de peinture. C’est, paraît-il, grâce à ce tableau qu’elle acquière sa réputation de portraitiste. |
À l’âge de 12 ans, Élisabeth Louise perd son père. Elle en est très affectée et délaisse ses pinceaux. Le grand ami de son père, Doyen, peintre lui aussi, la pousse à reprendre la peinture. Pour la distraire de son chagrin,sa mère l’emmène visiter le musée du Luxembourg et plusieurs galeries privées. Elle la soutient dans sa volonté de devenir peintre et assiste quelques fois aux séances de poses des clients de sa fille.
Pour subvenir aux besoins de sa famille, Jeanne se remarie avec François Le Sèvre, un riche joaillier. Il dirige les affaires financières de sa femme et de sa belle-fille avec beaucoup d’avarice.
Pour la soustraire à la tutelle de son beau-père, Jeanne pousse sa fille à prendre Jean-Baptiste Le Brun comme époux. Il est peintre, collectionneur et marchand d’art. Il lui permet d’étudier les grands maîtres de sa collection personnelle. Durant la Révolution Française et les années d’exil d’Élisabeth, il se bat pour garder les œuvres de sa femme et pour qu’elle revienne en France.
Ce portait représente Jean-Baptiste Pierre Le Brun, l'époux d'Élisabeth Louise, peint par lui-même. Il tient les attributs du peintre : la palette, les pinceaux et un grand carnet de croquis. Il porte le costume de son statut social : celui d'un bourgeois et pose dans un décor de livres et de sculptures faisant état de son éducation. C’est un homme très érudit et un connaisseur en matière artistique. Cela lui permet de s’affirmer comme marchand et restaurateur de tableaux. |
SES ANNÉES DE FORMATION
À l’âge de 14 ans, Élisabeth prend des leçons de dessins avec Gabriel Briard qui dispose d’un atelier au Louvre. C’est à cette période qu’elle fait la connaissance de Joseph Vernet, peintre de paysage. Ils deviennent très amis.
Spécialiste du paysage dramatique et poétique, le peintre Joseph Vernet est extrêmement sensible à la nature et à son héritage. Il entre à l’Académie Royale en 1745. Dès lors, les commandes internationalles affluent. Louis XV lui commande en 1753 la série des « Ports de France » qui le rend célèbre. Ce tableau peint par Élisabeth représente son ami tenant les attributs du peintre : la tablette et les pinceaux. Il est exposé au Salon de la Correspondance en 1783, à l’occasion d’une rétrospective consacrée à Vernet. |
Il lui conseille d’apprendre par elle-même en regardant les œuvres des grands maîtres et par la nature. Il lui dit :« Mon enfant [...], ne suivez aucun système d’école. Consultez seulement les œuvres des grands maîtres de l’Italie, ainsi que celles des maîtres flamands; mais surtout faites le plus que vous pourrez d’après nature : la nature est le premier de tous les maîtres. Si vous l’étudiez avec soin, cela vous empêchera de prendre aucune manière».
LA CONSÉCRATION
Peu de femmes peintres intègrent l’Académie Royale de peinture et de sculpture. Lieu incontournable si l’on veut être reconnu par ses pairs, Élisabeth y est acceptée grâce à l’appui de Marie-Antoinette en 1783. Elle présente comme morceau de réception La Paix ramenant l’Abondance.
Il s’agit d’un tableau allégorique : une représentation de la Paix et de l’Abondance sous les traits de deux femmes. C’est un genre peu employé par Élisabeth qui veut montrer qu’elle peut peindre aussi bien que les hommes et particulièrement dans le genre de la peinture d’histoire réservée à la gent masculine. |
ÉMULATION ET CONCURRENCE FÉMININE
Elle n’est pas la seule à intégrer à cette période la prestigieuse académie. Sa grande rivale Adélaïde Labille Guiard l’intègre en même temps grâce à ses nombreuses amitiés académiques.
Portraitiste comme Élisabeth, Adélaïde subit très fortement les rumeurs concernant son art. Elle est accusée de ne pas peindre elle-même ses tableaux. Pour y mettre fin, elle se représente en train de peindre dans son atelier, avec deux de ses élèves. Elle prouve ainsi qu’elle est bien l’auteure de ses tableaux et que ses élèves peuvent en témoigner. Ce tableau sera exposé au Salon de l’Académie Royale. |
PORTRAITURER LA FAMILLE ROYALE ET LA COUR
Élisabeth est la peintre officielle de Marie-Antoinette. Elle fait de nombreux portraits de la reine et de ses enfants. Voici l'un des portraits commandé à l’artiste par le roi. Il date de 1786-1787. La reine pose en famille, avec ses enfants. Ce tableau a été peint pour une raison particulière : Marie-Antoinette n’est pas appréciée par la population et de nombreuses rumeurs circulent à son sujet. L’une affirme que ses enfants ne seraient pas légitimes. C’est pour cela qu’elle est représentée entourée de ses enfants afin de montrer au peuple qu’elle les aime et qu’ils sont bien de sang royal. |
Élisabeth et Marie-Antoinette étaient très amies. Elles finissaient toujours les séances de pose en chansons, ensemble, accompagnées au clavier par une des dames de compagnies de la reine.
L’ÉLÉGANCE À LA FRANÇAISE
Les portraits d’Élisabeth représentent l’élégance française de l’époque. Depuis Louis XIV, l’étiquette doit être suivie à tout moment de la journée. Marie-Antoinette a du mal à la respecter et, dès qu’elle le peut, elle se réfugie au Petit Trianon, où elle se sent libre. Elle invite ses amies proches à profiter de ce petit coin de campagne à l’abri de la cour et de l’étiquette.
Gouvernante des enfants de France, la duchesse de Polignac devient une amie intime de la reine. Ici, peinte au naturel, elle porte une robe en mousseline resserrée à la taille pour un rendu simple et élégant. Élisabeth s’est inspirée du motif de "la femme au chapeau" de Rubens pour peindre la duchesse. Elle reprendra ce motif dans d’autres peintures. La légende raconte que ce tableau aurait été offert par Marie-Antoinette elle-même au maître des postes qui aida la famille Polignac à s’enfuire en Suisse, la nuit du 16 juillet 1789, lors de la Révolution Française. |
PEINDRE L’ENFANCE ET L’AMOUR MATERNEL
Le 12 février 1780, Élisabeth donne naissance à sa fille unique : Julie. Elle adore sa fille et la peint de nombreuses fois.
Ici, Julie à six ans et sa mère la tient contre son cœur comme un trésor à protéger. Sous l’Ancien Régime, dans les familles nobles et bourgeoises, les enfants étaient confiés à des nourrices ou à des gouvernantes. À la fin du XVIIIe siècle, les sentiments maternels sont davantage exprimés.
Ce tableau incarne l’amour profond d’une mère pour son enfant. Les visiteurs du musée du Louvre lui ont donné un nouveau titre : Tendresse Maternelle.
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LA DESSINATRICE ET LA PASTELLISTE
Ce portrait de profil représente Auguste, le fils de la duchesse de Polignac. Élisabeth retrouve son amie en exil, lors de son séjour à Vienne. Elle réalise ce portait à la pierre noire pour retranscrire avec plus de véracité la finesse des traits du jeune Auguste. Le visage est rehaussé de pastel, la technique préférée de son père. |
L’ÉMIGRATION (1789-1802)
Lorsque la Révolution éclate, Élisabeth fuit la France avec sa fille. Elle débute son exil en Italie où elle étudie le grand maître Raphaël. Elle y fait la connaissance de Giovanni Paisiello. Passionnée de musique, elle se lie d’amitié avec ce grand compositeur d’opéra.
Élisabeth Louise Vigée Le Brun représente Giovanni Paisiello entouré des attributs du pianiste : un clavicorde (une sorte de piano) et ses partitions.
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Après ses séjours italiens et autrichiens, Élisabeth se rend en Russie, à Saint-Petersbourg. Elle réussit difficilement à se faire une place dans la haute société russe. Elle y pavient grâce à son talent de portraitiste. Te souviens-tu de son autoportrait dans ce style, la Tendresse Maternelle ? Et bien, toutes les princesses veulent le même !
La princesse Golitzyna appartient à une très grande famille de l'aristocratie russe et admire l'artiste. En Russie, le rang doit être visible sur le tableau. C’est pourquoi Élisabeth agrémente ses œuvres de détails permettant de reconnaître la lignée aristocratique du modèle : ici un décor de style néo-classique qui fait deviner celui d'une grande demeure. |
DE RETOUR À PARIS
Après douze ans d’exil, Élisabeth peut rentrer en France. Le régime politique a changé. Sous l’Empire napoléonien, son talent est également reconnu. La famille impériale lui commande des portraits comme celui de Caroline Murat, jeune sœur de Napoléon.
Caroline Murat prend la pose avec sa plus jeune fille, Laetitia. Elle porte ses plus beaux atours pour témoigner de son nouveau titre de duchesse de Berg et de Clèves. Ses vêtements, très riches en détails, contrastent avec la pose très simple qu’elle prend. Sa fille, très naturelle, tend un doigt admiratif vers sa mère. Malgré la simplicité de la scène, on note dans l’arrière-plan le décor d’une grande demeure, celui du château de Fontainebleau. Dans ses « Souvenirs » Élisabeth écrit que l’exécution de ce tableau fût très difficile. Il faut du temps pour peindre un tableau officiel. Les poses sont éprouvantes, les séances nombreuses. Ils faut garder la même tenue, la même coiffure et la même posture. Or, il paraît que Caroline Murat ne respectait pas régulièrement ses séances, elle changeait de tenue, de coiffure et ne tenait pas les poses très longtemps, ce qui a beaucoup énervé l’artiste. |
Élisabeth aime les voyages et profite de ses déplacements pour acquérir de nouvelles techniques. Son dernier voyage est la Suisse. Elle y peint des paysages d’une beauté parfois irréelle.
Contrairement aux autres peintres de paysage, Élisabeth utilise la technique du pastel. Cela lui permet de peindre beaucoup plus rapidement. Elle effectuera près de deux cents pastels de paysage. |
LE CHANT DU CYGNE
Après la mort de sa fille en 1819, Élisabeth parcourt le Sud de la France. À son retour, elle accepte de devenir le professeur de sa nièce. C’est l’occasion pour elle de transmettre son savoir et sa technique.
Ce tableau a été peint en 1817 alors qu’Élisabeth a déjà plus de 60 ans. On y retrouve la même lumière concentrée sur le visage du jeune garçon au regard intense et profond qui regarde, cette fois, directement l'artiste et le spectateur. On ne sait pas qui est ce garçon, ni qui a commandé le tableau. Ce n’est pas le dernier portrait d'Élisabeth. Elle peint jusqu’à sa mort en 1842, à l’âge exceptionnel pour l’époque de 87 ans. |
Tu connais les principales étapes de la vie de cette grande portraitiste et ses œuvres emblématiques. À toi d'épater la galerie de tes connaissances !
Tu peux aussi t’amuser avec les jeux que nous avons réalisés pour toi. Tu y retrouveras les principaux tableaux dont nous venons de te parler.
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