Immersion

17 mars 2014
Les vidéos et installations de Bill Viola sont peuplées de corps immergés dans l’eau ou soumis au feu : flottant paisiblement entre sommeil et mort (The Dreamers) ou plongés violemment dans un tumulte sonore (Ascension, Fire Woman).


Bill Viola, Going Forth By Day ©Collection Pinault, Photo Kira Perov
Bill Viola, Going Forth By Day (détail), 2002, « First Light » ©Collection Pinault, Photo Kira Perov







Le corps semble parfois même être noyé ou se dissoudre dans le paysage, ne se détachant que péniblement dans une immensité désertique (Chott el-Djerid, Walking on the Edge, The Encounter). A cette immersion des figures répond une immersion du spectateur dans l’œuvre. Lors d’un séjour en Italie au milieu des années 1970, l’artiste fut marqué par les fresques des peintres de la Pré-Renaissance, de même que l’acoustique spécifique des édifices religieux. Dans ces espaces, le visiteur se trouve cerné d’images. Dès les années 1980, Bill Viola travaille alors à une immersion physique et psychique du visiteur dans l’œuvre. L’obscurité nécessaire aux projections et leurs grandes tailles favorisent cette sensation, appuyée par une lenteur souvent hypnotique des images. L’artiste pense souvent l’échelle de ses projections en fonction de celle du visiteur, de manière à ce que s’opère une équivalence entre celui-ci et la taille des personnages à l’écran. Plus qu’une image, c’est alors véritablement un espace que l’artiste propose d’expérimenter. Ainsi, dans The Sleep of Reason (1988), le visiteur pénètre l’esprit et les visions d’un rêveur que l’on voit assoupi sur un petit écran dans l’installation tandis que les murs de l’espace s’animent à intervalle régulier d’images cauchemardesques saisissantes. Dans la vaste installation Going Forth By Day (2002), le visiteur est entouré par cinq projections. Il doit d’ailleurs littéralement traverser l’une des images (Fire Birth) pour pénétrer l’œuvre. Disposées sur les quatre murs de la pièce, le visiteur ne peut embrasser l’ensemble des images d’un seul regard. Il y a trop à voir et il faut choisir des angles et un temps de vision. C’est, comme très souvent chez Bill Viola, le son qui annonce un événement à l’image et va orienter le visiteur dans sa lecture. Images et sons l’assaillent, l’installation l’enveloppe. L’artiste insiste sur le fait qu’une image s’adresse à tous les sens et pas uniquement à l’œil. Il s’oppose à une séparation entre le corps et l’esprit dans l’expérience artistique et met en avant l’importance du corps en son entier comme instrument de perception et de savoir.

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