Intérieurs

16 octobre 2013
Après une période particulièrement difficile, tant financièrement que moralement, Vallotton accède dans les années 1890 à une certaine reconnaissance, assortie d'une relative prospérité. Une tranquillité nouvelle pour lui, qui affleure dans ses œuvres.

Félix Vallotton, Femme se coiffant, 1900 © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Michel Urtado



Critique féroce et impitoyable de la société bourgeoise de son temps, Vallotton se montre beaucoup plus tendre à l'évocation de scènes de la vie quotidienne, intimes ou domestiques. L'influence des Nabis, et plus particulièrement de son ami Edouard Vuillard, est sensible dans plusieurs petits tableaux où l'artiste entrouvre la porte sur son univers personnel, celui qu'il partage avec Gabrielle.



Rencontrée en 1894, la jeune veuve, mère de trois enfants, devient son épouse en 1899 et lui inspire des scènes de genre aux tonalités claires et lumineuses. Le visage de Gabrielle est souvent dissimulé par un geste ou une ombre, quant elle n'apparaît pas tout simplement de dos (« Intérieur, femme en bleu fouillant dans une armoire », 1903), comme si Vallotton, dans un accès de pudeur, avait voulu préserver une part de son intimité. A moins qu'il n'ait voulu mettre le spectateur dans la position d'un indiscret, observant à la dérobée une innocente jeune femme.



Il se souvient aussi, sans doute, des maîtres hollandais du Siècle d'or qu'il admire, Vermeer et Pieter de Hooch, qui décrivaient eux aussi un monde féminin, domestique ou quotidien. Même palette claire, même attention portée au sujet féminin, même motif de portes entrouvertes. A peine quelques détails viennent-ils rappeler l'originalité de l'artiste: la présence d'ombres profondes, les compositions décentrées, le désordre d'un lit ou de vêtements jetés sur un fauteuil (« Femme se coiffant », 1900). Comme ses illustres aînés, il parvient à transcrire la quiétude d'un moment d'intimité, instillant à cette réalité quotidienne une indéniable poésie

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