Interview : Niels Arestrup

20 mars 2012

Niels Arestrup (Cheval de guerre, Steven Spielberg)
© DreamWorks II Distribution Co., LLC. All Rights Reserved

Le film CHEVAL DE GUERRE est sorti en salle le 22 février 2012. Réalisé par Steven Spielberg, il rend hommage aux huit millions de chevaux sacrifiés durant la Première Guerre Mondiale.
Nous avons rencontré Niels Arestrup à l'occasion de la sortie du film dans lequel il incarne le rôle du grand-père d’un jeune homme, qui cherche à libérer un cheval mobilisé.

Le cheval, est- il un partenaire ou un outil de guerre ?

Niels Arestrup : Pendant la guerre, le cheval a saigné. Mais c'est depuis la nuit des temps, qu'il paie le plus lourd tribu. Pendant la première guerre mondiale, les chevaux ont été mobilisés. Pris des fermes anglaises et envoyés sur le front français, ils passaient de chevaux de ferme à chevaux de guerre. Ils arrivaient en France pour deux fonctions : tracter l’artillerie et participer à la charge de cavalerie anglaise.  Le cheval, dans le film, est obsédé par le désir de retourner de là où il vient.

Pour moi, sur les plateaux de cinéma, le cheval est un vrai partenaire. Il y a quelques années, dans le cinéma français, j’ai appris à monter avec Mario Luraschi, le dresseur équestre et avec aussi Yvan Chiffre, cascadeur. C’était formidable.
Je ne ressens aucune peur face aux animaux. L’homme a souvent peur du cheval mais je n’ai pas du tout cette appréhension quand il s’approche.  Je suis convaincu que l’homme, quand il a peur, dégage une odeur particulière, détectée par le cheval. La première règle pour aborder l’animal est de l’approcher de façon honnête.

Comme avec les êtres humains ?

N.A : Mais les hommes sont des animaux particuliers…

Michel Piccoli vous prénommait « l’acteur-fauve » ?

(sourire)  N.A : ça nous ramène aux années 70… !!  Je ne sais pas. Cela a peut-être un rapport avec la peinture fauviste...
Mais c’est vrai que je suis fasciné par les animaux depuis toujours.  Dès que j’ai l’occasion d’apprendre quelque chose d’eux, je le fais.

Qu’est pour vous la beauté animale ?

N.A : Elle repose essentiellement, avec des nuances, sur la nature d’innocence. Je crois que l’animal n’est foncièrement pas méchant. Il a des instincts, comme la chasse pour se nourrir ; il peut paraître cruel, surtout lorsqu’on observe la gazelle dévorée par un fauve ! Mais il ne s’agit pas de cruauté, c’est instinctif pour la vie, le pouvoir… c’est génétique.

L’aspect de l’anatomie du cheval et de la médecine vétérinaire sont-ils présentés dans le film ?

N.A : Certaines images montrent la musculature du cheval, sa force, sa puissance. Mais pas tellement l’anatomie « vétérinaire ».

En vous donnant le rôle, Steven Spielberg a misé sur le le bon cheval ?

(sourire) N.A : Je ne sais pas...

Jean Dujardin défend, en riant, l’idée que les animaux de plateaux puissent recevoir un prix, vous vous seriez mis en selle pour défendre les mérites des chevaux de combat ?

N.A : En Angleterre, une décoration a été attribuée à plusieurs chevaux de combat pour leur bravoure, au même titre que les hommes. (Ndlr : des monuments ont été également érigés, notamment en Afrique du sud et près d’Austerlitz, en leur mémoire).
Au cinéma, je ne suis pas contre une récompense…  Ce serait normal d’en distribuer aux animaux autant qu’aux acteurs ! A propos de récompenses, je trouve insensé de gratifier ce qui n’est pas comparable… comme si on comparait un Cézanne à un Monet, ou un Picasso à un Dufy !  Le pouvoir médiatique est dérisoire et absurde

Avez-vous en tête un tableau représentant un animal qui vous aurait particulièrement marqué ?

C’est difficile, comme ça, dans l’instant… je pense plutôt au début du 19ème représentant la noblesse du cheval ; un David, par exemple, pour son approche sublimée de cet esclave qu’est le cheval…

 

Voir la bande annonce du film CHEVAL DE GUERRE

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