Jean Paul Gaultier ou le goût de l'anticonformisme et de la provocation
Il est interdit d’interdire : telle serait la devise de Jean Paul Gaultier s’il devait la dicter. Trublion de la mode à l’esthétique débridée, le couturier a grandi dans un Paris en mutation, donnant à ses créations vestimentaires une dimension à la fois humaniste et libertaire. Briseuse de tabous, la mode de Jean Paul Gaultier est en effet profondément engagée et dicte en filigrane un message social fort, teinté de tolérance, d’antiracisme et d’anticonformisme.
Vu à certains égards comme le Vivienne Westwood français, Jean Paul Gaultier est très tôt subjugué par l’atmosphère punk de Londres où il voyage régulièrement. Fasciné par les idées nouvelles qui s’en dégagent, il s’imprègne de son style et en réinterprète les codes à coup d’épingles à nourrice, de clous, de tatouages et de coiffures hirsutes. Plurielles, ses sources d’inspiration viennent également de son environnement premier et oscillent entre les puces, Pigalle, Tati et le Marché Saint Pierre. « Je m'aperçois que je ne fais que brasser toute la culture que j'ai ingurgitée depuis l'enfance » avoue-t-il.
Dès ses débuts, il ose les matériaux de récupération, coupe sans vergogne une robe dans un sac poubelle et voit dans une boite de conserve l’incarnation d’un bracelet manchette aux accents tribals(1). Se faisant le miroir de ses convictions, ses défilés rendent hommage au Barbès qu’il affectionne(2) et réconcilient avec humour la bourgeoise(3) et la concierge(4). Jean Paul Gaultier signe alors une élégance nouvelle au service du peuple et à l’image d’une Parisienne sans le sou aux multiples visages. Ce n’est pas un hasard si le siège social de la Maison a pris ses quartiers en 2004 dans l’ancien Palais des arts de l’Avenir du prolétariat, rue Saint-Martin, loin des carrefours chics et balisés entourant l’avenue Montaigne…
Pauline Weber
(1)« High tech », Collection femme Automne-Hiver 1980-1981
Quatre cents feuilles de papier végétal et autant de poignées de terre collectée dans la Loire témoignent de la diversité de la peau de notre planète, découvrez l'oeuvre de Koîchi Kurita au coeur de l'expo Jardins.
Hergé profite de la parution de « Tintin et les Picaros » en 1976 pour répondre aux critiques qui lui reprochent sa neutralité politique. "Toute conviction est une prison" dit-il en citant Nietzche. Au-delà de la politique, Tintin et Hergé c’est 50 ans d’aventure, inscrits dans l’histoire de la BD et dans l’histoire de l’art.
À 53 ans, après « Tintin au Tibet » et ses paysages immaculés, l’horizon Hergé se dégage. L’artiste s’installe avec Fanny, sa nouvelle compagne, et s’affranchit d’une certaine culture bourgeoise. Il savoure alors pleinement sa nouvelle vie et bâtit une collection d’art moderne et contemporain plutôt surprenante de la part d’un tel génie du dessin figuratif.